Perdidos en la noche Danemark, Allemagne, Mexique, Pays-Bas 2023 – 120min.

Critique du film

Quand « Parasite » débarque au Mexique

Critique du film: Damien Brodard

Présenté sur la Croisette dans la sélection Cannes Première, le nouveau film du réalisateur mexicain Amat Escalante explore les zones d’ombres de son pays.

Après la mystérieuse disparition de sa mère qui militait pour l’écologie, Emiliano (Juan Daniel García Treviño) désire la retrouver plus que tout. Contraint de se débrouiller seul, son enquête l’amène à fréquenter la famille Aldama et à tisser des liens ambigus avec l’énigmatique Mónica (Ester Expósito) et l’artiste Rigoberto (Fernando Bonilla).

Il y a comme un petit air de Parasite (2019) en Amérique latine dans le dernier long-métrage d’Amat Escalante. Sur fond d’enquête mue par la vengeance, le jeune protagoniste s’immisce dans le quotidien d’une famille bourgeoise et se confronte aux facettes les plus sombres d’un Mexique inquiétant. Hormis un discours sur la lutte des classes qu’il partage avec son homologue coréen, le film d’Escalante brosse surtout un portrait sans concession de son pays, mettant en avant la corruption de la police, le climat de violence ou encore la place troublante que peut prendre la religion. Le réalisateur mexicain insuffle tout de même à son œuvre une touche personnelle unique et propose un voyage aussi déroutant que magnétique.

Recherchée sans être tape-à-l’œil, tout en mettant un point d’honneur à la gestion de l’espace et de la tension dans les moments-clés, la mise en scène avive un scénario qui tend malheureusement à s’éparpiller dans sa seconde moitié. Les thématiques abordées sont nombreuses, toutes dignes d’intérêt, mais chacune ne bénéficie pas d’un traitement soigné, au point de rendre le long-métrage parfois nébuleux. De plus, le rythme déconcertant du récit – toujours prêt à livrer un climax sans jamais y aller – nuit quelque peu à l’investissement. Il est également dommage que, malgré une distribution globalement talentueuse, les deux jeunes protagonistes respectivement incarnés par Juan Daniel García Treviño et Ester Expósito paraissent difficilement aimables en dépit d’un certain charisme. Il n’en demeure pas moins que cette plongée dans les affres du Mexique contemporain constitue une proposition joliment réalisée et séduisante, à défaut d’être agréable.

29.01.2024

3.5

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