À la merci d'un droit d'asile inflexible, Mehdi Sahebi conjugue sa propre expérience à une réflexion sur la situation des réfugiés en Suisse. Un documentaire d'une grande humanité.

Galerie de photos

Dans un centre d'asile suisse, un couple lutte pour que leur fils de six ans, découvert lors de leur fuite et bloqué dans leurs pays d’origine, puisse les rejoindre grâce au regroupement familial. Dans la même association, un adolescent raconte, sa première expérience chez les scouts avant de s’effondrer à la pensée de ses parents absents. De son côté, un vétéran est perpétuellement hanté par le trauma de son passé.

Pour son documentaire «Prisonniers du destin» (nommé dans la catégorie meilleur documentaire lors du Prix du Cinéma Suisse 2024), le cinéaste irano-suisse Mehdi Sahebi suit pendant plusieurs années des réfugiés iraniens et afghans et créé une proximité unique avec ses protagonistes. À l’âge de 20 ans, le réalisateur a lui-même fuit l’Iran pour la Suisse. Une expérience qui lui permet de comprendre les sentiments de ses sujets, entre l'attente épuisante des décisions bureaucratiques, lla séparation avec les familles, la souffrance du déracinement et la solitude.

"Des tourments souvent indicibles qu'illustre la caméra sensible de Mehdi Sahebi. Si la majorité du film se déroule dans l’espace confiné du centre d'asile, le cinéaste tourne parfois sa caméra vers l'extérieur et capture les branches nues des arbres, mais aussi en gros plan les émotions débordantes des réfugiés.

«En Suisse, les gens sont libres et peuvent élever leurs enfants en paix. Moi, je n'ai pas vécu une seule année de ma vie en paix», raconte une Afghane âgée. Leçon d'empathie et de solidarité, «Prisonniers du destin» est autant une prise de conscience que le récit plein d'humanité de ces parcours de vies sur le sol Suisse.

(Adapté de l'allemand)