She Came to Me Etats-Unis 2023 – 102min.

Critique du film

Rebecca Miller déclare sa flamme à l’amour

Maria Engler
Critique du film: Maria Engler

Les films romantiques ont bien souvent du mal à rencontrer les faveurs des critiques et il était d'autant plus courageux de proposer le film «She Came to Me» en ouverture de la 73e Berlinale. Pourtant, le message du film est très clair : les coups d’éclat artistique ou les œuvres scandaleuses ne sont pas les seuls à compter, car la romance, peut-être parce qu'elle nous rend tout simplement heureux, y trouve parfaitement sa place.

Le compositeur Steven (Peter Dinklage) a peur de tout. De la presse, des spectateurs de ses concerts, de ses bailleurs de fonds, de son propre blocage créatif et des autres, bref, Steven est effrayé par la vie. Même son mariage avec son ancienne thérapeute Patricia (Anne Hathaway) n'y change rien. Et lorsqu'il rencontre un jour Katrina (Marisa Tomei), une capitaine de remorqueur accro au romantisme, un vent de renouveau souffle enfin sur sa vie.

«She Came to Me» s'écoule à la fois tranquillement et dépeint les constellations romantiques de ses personnages. Du premier grand amour de deux adolescents à leur union un peu endormie, en passant par les mariages d’intérêts et les différentes formes de famille, la cinéaste met élégamment en scène les multiples variations du cœur.

En parallèle, Rebecca Miller aborde aussi des thèmes politiques et sociaux, donnant ainsi une image profonde et stratifiée de la société américaine, malgré les apparitions parfois trop brèves de certains personnages. «She Came to Me» captive aussi lorsqu’il prend la forme d’une anthropologie de la romance, au travers notamment du personnage de Marisa Tomei. Sa nature rêveuse, quelque peu détachée du réel, lui confère un bel élan. Ici, quelqu'un prend la romance très au sérieux, alors pourquoi n’en ferions-nous pas autant ?

L'activité de Steven, en tant que compositeur d'opéra, utilise «She Came to Me» d'une part comme un merveilleux vecteur pour donner de l'importance à certaines rencontres, mais assaisonne également le film d'une note d’étrangeté bienvenue. La singularité de certaines scènes et de certains personnages aurait rendu les événements moins réalistes dans d’autres films, mais c'est miraculeusement le contraire qui se produit ici. Et c'est ainsi que «She Came to Me» réussit son pari : si ses protagonistes, faillibles et humains, trouvent l’amour à l'écran, alors il y a de l'espoir pour nous toutes et tous.

(Traduit de l'allemand)

(73e Festival du film de Berlin)

15.11.2023

3.5

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