Toni, en famille France 2023 – 96min.

Critique du film

Maman en reconversion

Critique du film: Colin Schwab

À 24 ans, Nathan Ambrosioni réalise un deuxième long métrage touchant sur le quotidien d’une mère au foyer qui aura le courage de se remettre aux études.

Toni (Camille Cottin) s’occupe seule de ses cinq enfants. Agé·e·s de 12 à 18 ans, iels jonglent entre challenges du collège, du lycée et ambitieux rêves d’avenir. Leur mère ne vit, elle, que par et pour ses filles et fils, ne s’occupant que très peu d’elle-même. Fatiguée de cette vie par procuration, l’idée de commencer de nouvelles études naîtra en elle. Une décision qui ne fera pas l’unanimité parmi son entourage, la mettant également face à un passé empli de regrets.

Dans Toni, en famille, Nathan Ambrosioni nous fait ressentir l’amour inconditionnel qui lie une famille, tout en montrant la dévotion saisissante et sans compromis d’une mère pour ses enfants. Comment rester de marbre ? Si le film est indéniablement touchant, c’est en partie grâce à son personnage principal singulier, mais tout à fait crédible, et à l’actrice qui l’incarne.

Toni a un passé rocambolesque, unique – elle est une ancienne participante de la Star Academy, dont la carrière de chanteuse se résume à un single à succès. Cette trajectoire de star éphémère, qu’il aurait été facile et convenu de tourner à la dérision, le film sait la traiter avec sérieux et en dresser un portrait en tous points vraisemblable. La honte et l’impuissance que Toni ressent à l’égard de son parcours professionnel nous sont rendues sensibles avec beaucoup de finesse et nous émeuvent.

Cette fine écriture est magnifiée par le jeu subtil, tout en retenue, de Camille Cottin, qui donne vie avec brio à cet étrange personnage. Mais c’est également sur une question de jeu que l’un des rares bémols du film existe. Ce qui parfois dérange, c’est que les acteur·ice·s semblent ne pas tous·tes jouer sur la même tonalité, sur le même niveau. Au naturalisme introverti de Camille Cottin se confronte le jeu des acteur·ice·s secondaires, parfois bien plus expressif, extraverti – « à la comédie française contemporaine ». Les personnages semblent alors ne pas exister dans le même univers et la vraisemblance du long-métrage en prend un coup.

Mais trop se focaliser sur cette réserve serait injuste face à la fraîcheur de l’œuvre d’Ambrosioni. Une utilisation maîtrisée et créative du langage cinématographique, une bande son riche et pertinente et des scènes fortes, sachant faire jouer tous les enjeux du film en seulement quelques instants : tant d’éléments qui nous permettent d’ores et déjà de nous réjouir du prochain film de ce jeune réalisateur.

04.09.2023

4

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Commentaires

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TOSCANE

il y a 1 an

Envie d'un film léger. Le début me murmure que je ferai mieux de quitter la salle, et puis quelque chose d'intéressant s'accélère, comme par exemple de voir au cinéma une mère qui se permet à dire à ses enfants qu'il la font ch....... il me semble que c'est plutôt rare au "cinema des mères parfaites", ça commence à m'intriguer et finalement j'ai bien aimé ce film. Je souligne la presque fin, au moment des adieux, quand la fille aînée s'interroge sur sa non ressemblance avec sa mère, la réponse est belle et troublante. En cadeau, les yeux de Camille Cottin qui ressemblent à deux grands lacs magnifiques. J'observe qu'elle n'est pas mère célibataire, mais veuve, ou bien je fais erreur ??Voir plus


CineFiliK

il y a 1 an

“Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une”

Maman célibataire de 40 ans et des poussières, Antonia se demande, en voyant ses enfants ouvrir leurs ailes, s’il ne serait pas temps pour elle de décoller en reprenant ses études.

Elle fut une étoilée de la Star Ac’, auréolée d’un tube doré pas encore oublié. Mais le rêve de célébrité, qui n’était pas le sien, s’étiole sur les scènes obscures de bars modestes. Aujourd’hui, Toni est cuisinière, femme de ménage, taxi, psychologue, banquière sans le sou pour 5 poussins, dont les plus grands s’apprêtent à quitter le nid. Si Toni est fière d’être leur mère, elle ne veut pas être que cela.

Ni comique, ni dramatique, ce scénario sans fioritures aurait pu engendrer une série télé, tant les personnages sont croqués avec acuité. Camile Cottin endosse son rôle de daronne à 100%, évitant l’espièglerie qu’on lui connaît aussi. Ses cinq ados lui tiennent plutôt bien tête en lui renvoyant leurs envies, colères, mal-être ou vérités. Ce qu’on aime, c’est les voir attachés les uns aux autres sur le canapé du salon, comme une entité à six têtes plus forte que tout le reste. Dommage que leur histoire s’arrête sur les marches de l’université. Quant au masculin, il est gentiment renvoyé au vestiaire ou directement au cimetière. Le désir ici est celui d’une émancipation féminine générée par la seule envie d’apprendre et d’étudier. Le plus étonnant est qu’il soit l’œuvre d’un jeune homme de 24 ans.

(6.5/10)Voir plus

Dernière modification il y a 1 an


Eric2017

il y a 1 an

Sympa mais au final très énervant, agaçant . J'aime Camille Cottin et elle joue très bien ce rôle de mère de cinq ados. Une famille comme il y en a beaucoup où les enfants se chamaillent, se hurlent les uns les autres et une mère débordée qui pense toujours bien faire et qui parfois se trompe. Bref quoi de plus normal, c'est la vie. Bravo aux ados qui jouent très bien. Juste pas très envie de voir ça ! (F-06.09.23)Voir plus


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