Wir waren Kumpel Allemagne, Suisse 2023 – 103min.
Critique du film
Les derniers jours d’une mine
En 2018, l’Allemagne fermait sa dernière mine de charbon, dans la Ruhr. Les réalisateurs Christian Johannes Koch et Jonas Matauschek ont suivi cinq mineurs dans leurs dernières journées de travail, puis leur reconversion. Sur fond de grève pour le climat, quitter l’esprit de camaraderie qui régnait 1200 mètres sous terre va s’avérer difficile.
La traduction anglaise du titre (sans version française existante), «Once we were pitmen», littéralement «Autrefois, nous étions mineurs», passe à côté de la fantastique histoire humaine qui l’anime. Car si «Kumpel» signifie également mineur, le sens premier du mot est celui de «pote, copain». À plus de mille mètres sous terre, dans l’obscurité étouffante des tunnels, ces «gueules noires» de notre temps, qui ne dépareilleraient pas au milieu des personnages du «Germinal» d’Émile Zola, ont su contrer des conditions difficiles grâce à un formidable esprit de solidarité.
Tirant élégamment parti des décors industriels, la première partie retrace les dernières semaines de la mine. Galerie de caractères bigarrés et d’expertises polies par des dizaines d’années, elle explore les relations humaines dans une fourmilière bien huilée. Entre ronchonnements et taquineries, passant plus de temps avec leurs collègues qu’en famille, ces hommes aux surnoms facétieux sont les mêmes qui se retrouvent, en fin de journée, à se frotter mutuellement le dos, quand il s’agit de retrouver un visage humain.
Bien sûr, tout changement est difficile. Se former, trouver un nouveau métier après plus de 20 ans de mine, voilà un défi de taille. Et pourtant, rien dans le film n’évoque le drame. De l’organisation minutieuse d’une fermeture programmée, le récit passe en seconde partie aux quotidiens des camarades désormais séparés. Éclatée, l’unicité passée n’existe plus. Si c’est elle qui fait la force des 40 premières minutes, la suite endosse une forme plus conventionnelle, suivant les destins distincts des cinq anciens mineurs.
Alors que Langer devient chauffeur de bus scolaire, Thomas tente tant bien que mal de maintenir le cap face aux critiques truculentes de sa mère âgée. De l’esprit d’équipe inaltérable de la première partie, il ne reste plus grand-chose, faisant souffler un vent de nostalgie parmi les anciens collègues. «Chaque génération a ses problèmes», déclare un Wolfgang lucide, devant l’engagement de sa fille dans la grève pour le climat. La fin des mineurs, c’est aussi celle d’une époque, avec l’arrivée de préoccupations différentes dans la nouvelle génération. Laissant derrière lui un déterminisme social qui, jusque-là, imposait aux fils de mineurs un avenir tout tracé, le regard, lucide, regarde résolument vers l’avant.
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