Animale 2024
Critique du film
Le western féministe d’Emma Benestan
Le western d’Emma Benestan propose une plongée féministe au sein d’une Camargue rarement aussi magnifiée à l’écran.
Nejma (Oulaya Amamra) tente de s’insérer dans le monde masculin des courses camarguaises : des jeux populaires et ancestraux à haut risque, où les participants tentent d’attraper des cocardes accrochées aux cornes d’un taureau. Au terme d’une soirée un peu trop arrosée destinée à fêter sa première participation à l’une de ces courses, Nejma perd connaissance et oublie tout de ce qui s’y est passé. Le lendemain, encore nauséeuse, elle commence à se rendre compte d’étranges modifications corporelles…
Emma Benestan aurait pu renommer son film «Le Règne Animale» pour féminiser le titre du long-métrage de Thomas Cailley sorti l’année dernière, avec lequel il partage beaucoup de similitudes: même goût d’un fantastique à fort propos social, l’envie d’un retour à l’animalité pour narrer des questionnements intimes et surtout l’ambition de développer un film de genre français particulièrement audacieux. Cependant, le réduire à ce simple parallèle serait amputer «Animale» d’une bonne part de son sel: ce long-métrage est d’abord et avant tout une relecture féministe (et un brin queer) des codes traditionnels du western.
Dans une Camargue magnifiée par la caméra de Benestan, la jeune réalisatrice développe son histoire de genre dans son univers macho en prenant soin de garder de manière contiguë autant son discours social qu’un goût immodéré pour la tension mâtinée d’un brin d’horreur. Notons la performance d’Oulaya Amamra qu’on sent particulièrement à l’aise dans la peau de cette Nejma parachutée au sein de ce monde à part, en marge de la civilisation. Magnifié par la musique de Yan Wagner, le film est un voyage au soleil dépaysant, à la croisée des genres, qui a offert au public du NIFFF une ouverture digne de la dantesque cuvée de cette 23e édition.
(NIFFF 2024)
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