Eat the Night France 2024 – 107min.
Critique du film
Heroic fantasy, drogue, sexe et banlieue
Après les mauvaises critiques de «Jessica Forever», Caroline Poggi et Jonathan Vinel proposent cette fois un film qui fait la part belle aux jeux vidéo et à notre relation avec ces derniers. Mais sans parvenir à renouveler son propos sur la fin de l’enfance, ni à se détacher d’une esthétique de polar très clichée, «Eat the night» déçoit.
Le jeune Pablo (Théo Cholbi) parcourt les rues du Havre à moto, deale et sert de pilier à sa sœur adolescente Apo (Lila Gueneau). Passionnés par le jeu Darknoon, la fermeture prochaine des serveurs font basculer leur petit monde. Tandis que Apo s’isole en ligne, Pablo rencontre Night (Erwan Kepoa Falé), l’initie à ses trafics et en tombe amoureux. Mais bientôt, leur rivalité avec un gang de dealers met en péril leur avenir.
«Eat the night» débute par un compte à rebours et une fin annoncée : celle du jeu Darnoon, sorte de World of Warcraft, qui a bercé l’adolescence des deux protagonistes. Superbement réalisé grâce à la motion capture, ce jeu offre les scènes les plus inventives et touchantes du film. Malheureusement, une fois l’univers en ligne exploré via le personnage d’Apolline, ses limites narratives, comme celles du personnage de la jeune fille, deviennent criantes.
Aussi, durant ses deux premiers tiers, «Eat the night» abandonne le personnage d’Apo pour suivre l’histoire d’amour de son frère avec un jeune vendeur, qu’il amène à fabriquer de l’ecstasy à ses côtés, à l’occasion d’une séquence plutôt ludique. S’ensuivent leurs ébats éclairés aux néons, dans une recherche plastique qui contraste avec le manque d’originalité de ce milieu populaire où les jeunes hommes dealent et se font la guerre. Pas aidés par le mauvais jeu des rôles secondaires, Poggi et Vinel peuvent au moins compter sur le talent d’Erwan Kepoa Falé. Mais ce dernier est finalement sous-exploité et connaît une trajectoire stéréotypée, symptomatique de la réflexion inaboutie des réalisateurs sur le message à faire passer.
En effet, entre drame sur une relation frère-sœur, romance moderne et charnelle, exploration de la place des jeux vidéo dans nos vies et au cinéma, et thriller autour de la drogue, «Eat the night» peine à choisir son sujet et finit par perdre son public en restant en surface. Ce manque de profondeur dessert le final qui se voudrait poétique et raconter la jeunesse en perte de repères, mais peine à arracher quelques larmes.
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