Juliette au Printemps France 2024 – 96min.
Critique du film
La dépression au cœur d’une fable familiale
Dans le quatrième long-métrage de Blandine Lenoir, à découvrir sur les écrans romands dès le 19 juin, Izïa Higelin interprète Juliette, une jeune femme dépressive qui retourne dans son village natal. Là-bas, elle y retrouve sa famille et ses souvenirs d’enfance.
Juliette (Izïa Higelin), illustratrice pour des livres jeunesse, n’était pas retournée depuis longtemps dans le village qui l’a vue grandir. Frappée par la dépression, elle prend quelques jours de congé histoire de se ressourcer. Insomnies, jambes tremblantes durant la nuit, crises d’angoisse et absence de règles, Juliette souffre de maux dont l’origine reste un mystère.
Lorsqu’elle débarque dans sa ville natale, elle retrouve son père peu communicateur (Jean-Pierre Darroussin), divorcé de sa mère artiste décomplexée (Noémie Lvovsky), sa sœur (Sophie Guillemin) qui jongle péniblement entre ses enfants, son mari et son travail, et sa grand-mère (Liliane Rovère) pas encore tout à fait sénile. Dans ce joyeux chaos familial, Juliette tente de naviguer et de comprendre les causes de son mal-être. Elle se remémore des souvenirs lointains, des souvenirs enfouis et oubliés.
Blandine Lenoir a exploré maintes thématiques dans ses trois premiers long-métrages. De Zouzou (2014) à Aurore (2017), en passant par Annie Colère (2022), elle a parlé de l’avortement, de l’amour chez les séniors, ou encore de la ménopause. Avec Juliette au printemps, la réalisatrice adapte le roman graphique de Camille Jourdy, «Juliette, les fantômes reviennent au printemps», et raconte une famille comme il y en a plein, imparfaite comme elles le sont toutes, avec ses chagrins, ses joies et ses moments de partage. Le film explore en premier lieu la dépression, mais plonge aussi dans les thèmes de la famille et des traumas inconscients, les non-dits comme blessures plus violentes que la vérité. Le film jette par la même occasion un œil sur la fratrie, le rôle de chacun au sein de celle-ci, ou responsabiliser les uns, pour mieux (trop) protéger les autres.
Si le film tient sur un scénario assez sommaire, sa force est définitivement ses personnages, et plus particulièrement les excellents seconds rôles interprétés notamment par Sophie Guillemin, Jean-Pierre Darroussin et Noémie Lvovsky. Quant à Izïa Higelin, aux expressions enfantines et au regard doux, elle incarne admirablement Juliette, une jeune femme perdue qui cherche encore qui elle est pour pouvoir avancer. Sans prétention, en prenant son temps, et avec ses petites fulgurances comiques, Juliette au printemps dresse le portrait touchant et sensible d’une famille unique, mais comme les autres.
Votre note
Commentaires
“Hors saison”
Illustratrice de livres pour enfants, Juliette débarque à la gare de Saint-André-de-Corcy, la valise pleine de mélancolie. De retour dans le village où elle a grandi, elle y retrouve une famille quelque peu fantasque.
D’un côté, il y a le père, espiègle et mutique, qui ne réussit en cuisine que les croque-vieux-monsieur. De l’autre se trouve la mère, artiste extravagante et pas toujours comprise. Au milieu, la sœur aînée, bombe d’énergie prête à exploser. Sans oublier Mamie Simone qui vient d’être placée en maison. Autour d’eux gravitent d’autres personnages qui ne feront que passer. Malgré la séparation, les secrets et les silences, rien d’anormal chez les proches de Juliette qui s’aiment sans le dire. Le banal, la réalisatrice tente de le contrer par des petites touches aquarellées comme ce chat qui retombe toujours sur ses pattes, ce caneton orphelin que l’on adopte, et cet amant adepte des déguisements. Les scènes de sexe accouplent des corps inhabituels à l’écran transformant Sophie Guillemin en véritable Vénus botérienne. Dans le rôle-titre, Izïa Higelin gagne aussi en beauté et fait trop vite oublier la dépression de son personnage quand elle sourit. Il n’y a rien de très marquant dans ce petit film charmant adapté d’une bande-dessinée qui respire l’autobiographie. S’en dégage une délicatesse toute personnelle.
(6.5/10)
twitter.com/cinefilik
cinefilik.wordpress.com… Voir plus
Dernière modification il y a 3 mois
Ce film est un vrai bonheur de tendresse avec des actrices et acteurs qui ne jouent pas mais sont tout bonnement les personnages. Une histoire joliment racontée et filmée avec des scènes de la vie. Des regards, de l'intrigue, un secret de famille, des enfants qui gentiment font des reproches aux parents, tout y est. Un casting génial avec Izïa Higelin rayonnante, Sophie Guillemin avec un charme indéniable et sans oublier Lvovsky, Cissé et Rovère à la hauteur du scénario et de leurs rôles respectifs. (G-02.07.24)… Voir plus
Dernière modification il y a 4 mois
Vu en avant-première aux Scala en présence de la réalisatrice Blandine Lenoir et du très drôle Jean-Pierre Darroussin. Il nous a annoncé la sortie du prochain Guédiguian pour l’automne 😀. Outre Darroussin, il y a dans « Juliette » une belle brochette d’acteurs de qualité: Izïa Higelin, Noémie Lvovsky, la géniale Liliane Rovère 91 ans!, Salif Cissé et gros big up à Sophie Guillemin qui n’a pas peur de se mettre à poil, au propre comme au figuré 👏🏼👏🏼 J’ai adoré la sincérité de son jeu. Je ne l’avais pas revue depuis « Harry, un ami qui vous veut du bien »!… Voir plus
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement