La vallée des fous France 2024 – 120min.

Critique du film

Le Vendée Globe au fond du jardin

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Alors que le Vendée Globe 2024 vient de lever l’ancre, le cinéaste Xavier Beauvois permet à Jean-Paul Rouve de se joindre au départ à bord d’une goélette pas comme les autres. Lumière sur «La Vallée des fous», au cinéma cette semaine.

À la suite d’un drame, Jean­-Paul (Jean-Paul Rouve), restaurateur alcoolique et sans le sous, est contraint de déménager avec sa jeune fille. Dans son restaurant en Bretagne, il retrouve son père (Pierre Richard), et alors qu’il tente de redonner du sens à sa vie, il fait l’étonnant pari de réaliser le Vendée Globe sur Virtual Regatta, un site de simulation. Ainsi, calfeutré dans le jardin, dans l’antre de sa modeste embarcation, et suivant les conditions d'un vrai skipper, Jean­-Paul s’apprête à virtuellement voyager sur les mers pendant trois mois.

«La mer, ça me fascine» confie-t-il au magazine Technikart. Après avoir signé «Les Gardiennes» ou encore «Albatros», le cinéaste Xavier Beauvois revient sur la façade ouest de la France et scrute l’océan de sa caméra lovée sur l’horizon. Lui-même skipper à ses heures perdues sur Virtual Regatta, il offre à Jean-Paul Rouve un rôle embrumé face au deuil. Accablé, morne, atone, sa rédemption passera par le vertige du large, les embruns, le Cap Horne… Sur une musique d’un Pete Doherty aseptisé et décidément très normand, Jean-Paul Rouve, lui, vise juste et façonne des émotions touchantes.

Si rien n’écorche ni n’étonne dans ce voyage, «La Vallée des fous» s’invite au bal des navigateurs (masculins) français, évinçant - jusque dans son générique de fin - les grands noms féminins du Vendée Globe. Cette année par exemple, six femmes navigatrices (Clarisse Cremer, Violette Dorange, Pip Hare, Isabelle Joschke, Samantha Davies et Justine Mettraux) ont pris le départ d’une course qui compte au total 40 skippers. Interrogée par TV5 Monde sur la faible représentation des femmes, Isabelle Joschke acquiesce et souligne en effet «qu’il y a encore du boulot». Et nous aurions apprécié que le cinéma s’y colle à son tour.

D’aucun·es apprécieront néanmoins les apparitions de Michel Desjoyeaux ou encore Jean Le Cam. Et malgré quelques notes bien venues de réalisme magique, «La Vallée des fous» manque tout de même d’un grain de folie et d’une véritable ambition narrative. Le public visé peut cependant y apprécier la promesse d’un joli casting (Pierre Richard, rayonnant comme à son habitude) et la sémantique d’une navigation qui invoque toujours un peu Baudelaire et ses Albatros.

14.11.2024

2.5

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