Le Roman de Jim France 2024 – 101min.

Critique du film

Récit d’une paternité éphémère

Critique du film: Maxime Maynard

Les frères Larrieu, Arnaud et Jean-Marie, présente leur nouveau film, «Le Roman de Jim», une œuvre esthétiquement sublime, portée par un remarquable Karim Leklou.

À sa sortie de prison, Aymeric (Karim Leklou) tombe sur Florence (Laetiti Dosch), une ancienne connaissance, enceinte et célibataire. Les deux se rapprochent, et à la naissance de l’enfant, Jim, Aymeric prend le rôle de la figure paternelle. Les années passent et son attachement pour le jeune garçon grandit. Mais, lorsque le père biologique de Jim revient à la suite d’un drame, la place d’Aymeric dans cette dynamique familiale commence à se dissiper.

Pour leur nouvelle collaboration, Arnaud et Jean-Marie Larrieu adaptent à l’écran le sixième roman de l’écrivain Pierric Bailly, sorti en 2021. Et pour l’occasion, les frangins s’éloignent de leur sud-ouest natal, qu’ils avaient déjà régulièrement mis en scène dans leurs précédentes réalisations, et posent leur caméra au cœur du Jura.

Personnage à part entière, la région est sublimée et décore l’écran d’une nature luxuriante. Montagnes, verdure et cours d’eau, le public ne peut que s’extasier devant la beauté sauvage de ces images superbement illuminées par le travail d’Irina Lubtchansky, la directrice de la photographie. De temps en temps, des négatifs de clichés argentiques capturés par Aymeric apparaissent, insufflant un peu plus de vie à l’œuvre et plongeant dans l’intimité du personnage.

Pour conter son histoire, les deux réalisateurs enfilent également la casquette de scénaristes. Si leur récit, rythmé par la voix hors champs de Karim Leklou, intriguent, les dialogues surprennent par leur manque de naturel. Plus à leur place sur une scène de théâtre que sur les écrans de cinéma, ils rendent les échanges entre les protagonistes bien trop mécaniques pour être véritablement réalistes.

Heureusement, le charisme de la distribution capture suffisamment l’attention. Si, dans la peau d’une Florence particulièrement irritable, la franco-suisse Laetitia Dosch disparaît au profit de son personnage grâce à une performance appréciable, c’est surtout Karim Leklou qui épate. Il avait déjà prouvé un talent certain dans «BAC Nord» ou «Vincent doit mourir». Ici, il démontre une sensibilité à toute épreuve. Figure centrale, il porte le film grâce à son incroyable interprétation: la représentation d’une certaine masculinité douce qui pourrait bien être la raison principale de ne pas hésiter à découvrir «Le Roman de Jim».

19.08.2024

3.5

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Commentaires

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Eric2017

il y a 2 mois

Vu une deuxième fois, et j'en ai gardé le même sentiment. C'est un film humain, touchant avec un acteur Karim Leklou qui est vraiment génial dans son interprétation. Laetitia Dosch excellente tout comme Sara Giraudeau. (G-06.09.24)


Eric2017

il y a 2 mois

Ce film m'a touché au plus haut point ! Le casting est excellent. Tout en subtilité avec un scénario magistralement interprété, les 100 minutes que dure ce film passent très vite. À aucun moment je me suis ennuyé. Les réalisateurs ont tenus à garder le titre de ce film identique à celui du roman car dixit : "c’est justement tout ce qui fonde Jim au-delà de son origine biologique". Ce film vaut la peine d'être vu. (G-25.08.24)Voir plus


CineFiliK

il y a 2 mois

“Jeune fils aux pères”

Au hasard d’une soirée, Aymeric photographie Florence, une ancienne collègue caissière. Pas farouche, la belle, enceinte de six mois, lui conte sa vie et l’invite dans son lit. L’enfant qui va bientôt naître vient de trouver un père.

« Tu es si doux », dit-elle à l’ourson mâle qui observe tendrement les courbes voluptueuses de ce corps contorsionné de trois quarts, lors d’une « nique » dite « cubiste ». Aymeric est un vrai gentil comme il n’y en a plus. Il prendra sous son aile et sur ses épaules ce petit Jim qui le comble d’amour. Les années passent et le bonheur est dans le pré. Jusqu’au jour où le géniteur refait surface et quémande une place.

Beau sujet que les frères Larrieu abordent avec pudeur et leur sens du décalage. Entre le narrateur et des personnages secondaires pas toujours à l’aise, le ton récité choisi de prime abord dérange. Mais peu à peu, la séduction opère et, sans chuter dans un mélodrame à l’excès, l’émotion pointe en silence pour s’écouler le long d’une joue. Dans le rôle premier, Karim Leklou impose sa bonhommie rondelette. Si les coups qu’il reçoit sont moins physiques que dans Vincent doit mourir, ils n’en sont pas moins violents. Le sac de frappe ne rompt jamais, au risque de passer à côté de sa vie. Symbole de son parcours héroïque à l’équilibre fragile, une via ferrata guidée par ce grand garçon qui n’a jamais pu être sien. Par contraste avec la nature jurassienne, le monde de la nuit l’électrise quand une raveuse rêveuse entre dans la partie. Entre ses bras, les négatifs d’antan se développent enfin en une mosaïque colorée et positive.

(7/10)Voir plus

Dernière modification il y a 2 mois


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