Le Tableau volé France 2024 – 91min.
Critique du film
Quand l’art raconte l’Histoire
Inspirée d’une histoire vraie, la dernière réalisation de Pascal Bonitzer («L’été dernier», 2023) raconte comment un tableau spolié par les nazis ressurgit chez un modeste particulier (interprété par le Suisse Arcadi Radeff). La découverte invraisemblable est portée par un Alex Lutz et une Léa Drucker en commissaires-priseurs redoutables.
Dans la périphérie de Mulhouse, Martin (Arcadi Radeff) vient de s’installer dans un logement acquis en viager. Au second étage, cet ouvrier qui travaille de nuit découvre une œuvre picturale exposée à même le crépi jaunâtre. À quelques heures de là, dans les beaux quartiers parisiens, André (Alex Lutz) négocie la mise à l’enchère d’un tableau à une cliente aussi méprisante que raciste. Qu’importe, le commissaire-priseur de la société Scottie’s est un requin. Quelques minutes plus tard, il reçoit un appel de Maître Egerman (Nora Hamzawi) qui lui annonce qu’un de ses clients aurait une toile du peintre autrichien Egon Schiele. Alex décide d’appeler sa collègue Bertina (Léa Drucker) pour se rendre sur place.
L’histoire est rocambolesque et pourtant, elle est bien réelle. En 2005, «Les tournesols» d’Egon Schiele refont surface alors que l’œuvre était pensée détruite par les nazis. Un tableau qui est estimé à 8 millions d’euros. Bonitzer reprend à son compte le fait divers, dont la matière au fort potentiel cinématographique est agréablement exploitée. Le jeu complice et farouche entre Alex Lutz et Léa Drucker y est sans doute pour quelque chose.
Si l’on peut certes reprocher au film son caractère sirupeux – lutte des classes manichéenne dans le jeu d’Arcadi Radeff et celui de la stagiaire du commissaire-priseur jouée par Louise Chevillote – comme le sentimentalisme autour de la famille juive héritière de la peinture, «Le Tableau volé» possède des qualités rythmiques et une distribution marquante.
«Le Tableau volé» témoigne, par la petite lucarne, de l’Histoire. L’art dégénéré, nom donné aux nazis pour désigner l’art moderne, livre ses dernières reliques là où on ne l’attendait plus.
Votre note
Commentaires
Critiques
“Affaire conclue”
Aurore est stagiaire dans la prestigieuse maison de ventes Scottie’s, sous la responsabilité du commissaire-priseur André Masson, comme le peintre. Leur bureau reçoit une lettre annonçant la découverte chez un ouvrier de Mulhouse d’une peinture perdue d’Egon Schiele. Ce ne peut être évidemment qu’un faux.
La présentation éclatée des différentes parties ne facilite pas l’entrée en matière. A droite, une mythomane plutôt ambitieuse qui s’agace lorsque son patron refuse ses avances. Sûr de lui, l’arrogant ne craint pas la haine qu’il inspire : « C’est bon pour les neurones », assume-t-il. Pas de quoi rendre ce duo particulièrement sympathique. A gauche, des nuitards, les dents jaunies par le tabac qu’ils consomment et qui les consument. L’opposition de style semble évidente, proche de la caricature, tout comme le mépris de classe induit. Mais un rire nerveux n’est pas forcément moqueur. Ainsi, chacun des personnages va gagner en nuances. Les mensonges dissimulent mal les peines d’une jeune fille au père. Le dédain entraîne une triste solitude. Quant à la misère, elle pousse à une modestie riche en honnêteté. Une ex-femme spécialiste et une avocate clairvoyante créent un lien entre ces deux mondes. Le rapprochement s’opère dans le respect quand l’aristocratie orgueilleuse s’incline pour applaudir l’humilité prolétaire.
Animée par des acteurs d’une belle justesse – Alex Lutz, Léa Drucker, Laurence Côte, Nora Hamzawi, Alain Chamfort, ainsi que le touchant Arcadi Radeff –, la toile sociétale de Pascal Bonitzer se dessine bien. Le pinceau est vif, le trait parfois épais et l’entourloupe vite présumée. Néanmoins, sur l’univers plutôt opaque des enchères, le tableau expertisé est adjugé. Affaire conclue !
(7/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 6 mois
Film intéressant et c'est un bon divertissement mais ça ne "casse" rien. Des dialogues assez bons mais je trouve que le scénario se perd un peu au fil des minutes avec des petites intrigues qui n'apportent rien au film, si ce n'est que ça lui permet d'avoir une durée de 95 minutes. Basé sur une histoire vraie, il est bien précisé dans le générique de fin que c'est une libre adaptation et que certains éléments sont purement fictifs. Alex Lutz est très bien tout comme Léa Drucker et un petit rôle pour Alain Chamfort. (G-06.05.24)… Voir plus
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement