Les Courageux Suisse 2024 – 80min.
Critique du film
Le combat d'une famille
Après une grande première au festival de Toronto, la cinéaste helvético-américaine Jasmin Gordon présente à Zurich «Les Courageux», son premier long métrage, en compétition pour l’Œil d’or du meilleur film de fiction.
Malgré les difficultés financières, Jule (Ophélia Kolb) élève seule ses trois enfants dans une petite ville au cœur de la nature suisse. Déjà ballotée par la vie, elle est prête à tout pour eux. Mais son mystérieux passé et ses choix souvent questionnables risqueraient bien de tout détruire.
Pour son tout premier long métrage, Jasmin Gordon transpose à l’écran un scénario de Julien Bouissoux, coscénariste régulier des films de Lionnel Baier. Entre autres, il avait également participé à l’adaptation du roman de Charles Ferdinand Ramuz, «L’Amour du monde», réalisée par Jenna Hasse. Pour «Les Courageux», il se penche seul sur le script et offre une représentation, parfois confuse, mais toujours honnête, de la pauvreté suisse.
Doucement, l’intrigue se révèle. Si les questions s’accumulent, les réponses, elles, se font rares. Du passé de Jule et des raisons de son inquiétude permanente, nous ne saurons rien. Ce manque d’informations peut frustrer, mais offre aussi à chacun la possibilité d’une interprétation très personnelle de l’histoire. Perdu devant l’accumulation de choix questionnables du personnage, le public ne peut que l’observer, impuissant, perdre pied.
Au premier plan, Ophélia Kolb est phénoménale et porte sur ses épaules tout le poids du long métrage. Dans le rôle de Jule, elle donne à son personnage une force et une sensibilité palpable. Malgré ses actions, nous percevons avec intensité tout son amour maternel. À ses côtés, les jeunes acteurs et actrices Jasmine Kalisz Saurer, Paul Besnier et Arthur Devaux font preuve d’une agréable énergie.
En arrière font, la nature omniprésente est glorifié par la photographie d’Andi Widmer. Retour aux sources indispensable pour Jule, la contemplation des montagnes rythme un quotidien écrasant. Les images, élégamment composées, accompagnent une histoire inégale, mais qui, pourtant, permet une vision agréablement inhabituelle de la Suisse. Bien entourée, Jasmin Gordon offre, avec «Les Courageux», un premier long métrage respectable, qui promet un bel avenir.
(ZFF 2024)
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