The Order Canada, Royaume-Uni, Etats-Unis 2024 – 114min.
Critique du film
Le FBI contre les néonazis
Avec «The Order», Justin Kurzel s'attaque à un pan de l’histoire du terrorisme d'extrême droite aux États-Unis et à son héritage contemporain. Après son passage remarqué à la Mostra de Venise, le film foulera prochainement le sol helvétique à l’occasion du Zurich Film Festival 2024. Jude Law y recevra d’ailleurs un Golden Eye.
Cinéaste habitué des célébrations cannoises (avec «Macbeth» et «Nitram»), l’Australien Justin Kurzel n’était encore jamais passé par le Lido. Témoignant d’un penchant pour les affaires criminelles depuis son film «Les Crimes de Snowtown» en 2011, il se penche cette-fois-ci sur la traque par le FBI du néonazi américain Robert Jay Mathews (incarné par Nicholas Hoult) qui, dans les années 1980, crée une milice armée de suprémacistes blancs appelée «The Order». Cette organisation terroriste sera notamment coupable de braquages, d’attentats à la bombe et d’attaque envers le gouvernement américain.
Inspiré du livre "The Silent Brotherhood" (1989) de Kevin Flynn et Gary Gerhardt, Justin Kurzel dévoile un excellent thriller policier. Dans le nord-ouest de l'Idaho, Jude Law incarne Terry Husk, un fin limier au FBI habitué à traquer les actions du KKK. Pour l’épauler, Tye Sheridan interprète Jamie Bowen, un jeune policier local qui connaît bien le milieu néonazi. Pour conter ce récit, et alors qu’une opération d’envergure se prépare, «The Order» dévoile quelques écueils et clichés du genre: le détective traumatisé et accro à la cigarette, ou le jeune débutant inexpérimenté. Pourtant, le réalisateur maîtrise la tension.
Que ce soit les plans en vues aériennes sur ces voitures lancées face à l’horizon désertique des routes américaines ou la musique fascinante de son frère Jed Kurzel, le cinéaste instaure une ambiance certaine. Visuellement, «The Order» convainc, à l’image de ses acteurs: Law et Hoult, s’y révèlent excellents. Mais ce qui rend «The Order» particulièrement oppressant, c’est l’inclusion du roman «The Turner Diaries» (un manifeste qui prêche le renversement du gouvernement fédéral et le déclenchement d’une guerre raciale), souvent considéré comme la "bible" des suprémacistes blancs. Certes, l’histoire remonte à 1983, mais Justin Kurzel percute lorsqu’il dresse un parallèle troublant entre les actions de ce groupe néonazi et les événements récents, notamment l'assaut sur le Capitole en janvier 2021.
(Mostra de Venise 2024. Adapté de l'allemand)
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