Au cours des dernières décennies, l’immense frontière qui sépare les Etats-Unis du Mexique a métamorphosé le quotidien des habitants et des forces de l’ordre chargées d’en assurer la sécurité, en plus de changer la face de ces étendues désertiques désormais surveillées en permanence. Entre peur, incompréhension, colère et désarroi, une communauté d’Américains vit ainsi dans l’ombre du mur érigé pour les protéger d’autres être humains.

Galerie de photos

En choisissant de ne pas choisir, les réalisateurs Luc Peter et Stéphanie Barbey offrent la chose la plus intéressante sur un sujet si complexe et polémique : la variété des visages, des rôles, des points de vue. Du redneck persuadé que l’Amérique est la meilleure nation au monde et donc, le dernier espoir de l’univers, à la femme engagée, qui dépose de l’eau et de la nourriture dans les bois pour aider les clandestins, Broken Land interpelle par son regard neutre sur le côté américain. Mais ce panorama humain, illustré par une enquête sur les différentes facettes du phénomène (les fermiers, les gardes-frontière, les milices extrémistes, la morgue, les citoyens), condamne le documentaire à ne jamais dépasser sa simple condition de rapport journalistique. S’entrechoquent ainsi une théorie du complot, qui veut que le gouvernement laisse entrer cette main d’œuvre bon marché, et de lointains souvenirs d’une époque où les populations vivaient en fraternité, sans notion de frontière. Au milieu, Broken Land se perd, pas assez armé pour filmer un documentaire à la hauteur de ce sujet passionnant et important.