L'Incroyable Histoire du facteur Cheval France 2017 – 105min.
Critique du film
Une déclaration d’amour devant l’éternité
Hauterives, fin du 19ème. Rêveur invétéré et randonneur romantique, chaque jour Joseph Ferdinand Cheval (Jacques Gamblin) crapahute sur près de 30 kilomètres pour accomplir ses tournées de facteur. L’homme est peu bavard, il communique ailleurs, il se dit un ami du vent, des arbres et des oiseaux. Alors qu’il enterre sa femme et qu’on lui arrache son fils, son supérieur (Bernard Le Coq) étend le périmètre de sa tournée, la marche apaise. Un jour, il rencontre une certaine Philomène (Laetitia Casta), elle lui donnera une fille, Alice, il lui construira un palais, le «palais idéal».
Après 30 ans de service, c’est une épopée équivalente à 5 fois le tour de la Terre, plus de 200 000 km parcourus à pied et sans jamais avoir quitté la Drôme. Le palmarès du facteur est herculéen. Laconique, Cheval a le sens de la maxime, mais l’amour est une chose indicible. À peine lettré, c’est en déchiffrant quelques lignes d’un magazine sur le temple Angkor que l’inspiration lui viendra. D’aucuns le disaient simplet, mais pour la postérité, il restera l’un des grands poètes du «faire». Il l’écrira lui-même : «Pour arriver au but, il faut être têtu». La fièvre durera 30 ans, pierre après pierre, à raison de 10 heures par jour; une dévotion métaphysique pour une déclaration d’amour à sa fille qui appartient désormais à l’histoire.
Voyageur contemplant une mer de montagnes, la vie de Cheval pourrait être un tableau de Caspar David Friedrich, à la croisée des mondes. Drapé d’une belle photographie, hommage est rendu à la sagesse de la Drôme, aux paysages et aux montagnes qui jalonnèrent la vie du «wanderer». L'incroyable histoire du Facteur Cheval n’en reste pas moins d’une facture, certes élégante, mais assez convenue et expose en guirlande tout ce que nous pouvions attendre d’un film de cette trempe. Sans doute faudra-t-il aussi passer sur la partition plutôt mineure de Laetitia Casta, malheureusement en marge d’un Jacques Gamblin, lui, méticuleux, profond, magnifique et vibrant de silences. Les non-dits comptent parmi les perles précieuses du récit.
En bref !
Une vie fabuleuse et plus de 30 ans de travaux proposés à l’écran dans un écrin de délicatesse. L'incroyable histoire du Facteur Cheval se leste néanmoins d’une narration inégale, comme s’il voulait parfois trop en dire de la vie d’un homme. Et si le métrage de Nils Tavernier se révèle être d’une facture attendue, la prestation de Jacques Gamblin, elle, est de l’ordre du petit miracle.
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Commentaires
“Le maçon du cœur”
Après une période de deuil, le mutique Joseph Ferdinand Cheval se remarie avec Philomène. Ils auront bientôt une fille, Alice. Sur l’une de ses tournées, le facteur émérite ramasse la pierre qui vient de le faire chuter. Fasciné, il en fera la base d’un édifice inattendu, un « palais idéal » qu’il dédiera aux femmes de sa vie.
Des paysages cartes postales, promouvant les beautés naturelles de la Drôme, alternent avec les clairs-obscurs des scènes intérieures. Le soin porté aux images met en valeur la reconstitution sage et appliquée du fabuleux destin du Facteur Cheval. Un chemin long de 33 années et semé de pierres noires. La tragédie enflamme ce maçon du cœur, fou passionné, reconnu au final pionnier de l’architecture naïve. Droit et solide comme un roc, Jacques Gamblin intériorise ces accidents cruels, son regard renfrogné disparaissant sous le poids des ans et du maquillage. On aurait aimé que le film décortique davantage l’art, la technique et les sources d’inspiration multiples de ce génie en marge qui, ne trouvant place en ce monde, créa le sien, selon son idéal.
6/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
Ce film est absolument remarquable. Jacques Gamblin est sublime dans l'interprétation de Ferdinand Cheval ainsi que Laetitia Casta dans celui de sa femme. Une histoire simple, émouvante où les mots superflus n'existent pas. Un monde où l'on récompensait par une médaille la longévité et la fiabilité d'un employé des Postes. Et ce Palais Idéal...incroyablement construit durant une vie entière. Après ce film, une envie, celle de me rendre à Hauterives pour admirer ce chef d'oeuvre. (G-01.02.19)… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
Film inspiré♥
On est transporté dans une autre époque. Celle où l'amour ne se disait pas mais se prouvait, celle où la dureté de la vie (33 km à pieds chaque jour pour livrer le courrier) laisse place à la contemplation et à la rêverie. Ceux qui ont visité ce Palais Idéal comprendront mon bouleversement. Les autres seront s'en doute impatient de faire les quelques 200 km qui nous séparent de Hauterives dans la Drôme pour découvrir la magie de ce lieu. Nils Tavernier a trouvé en Jacques Gamblin son facteur Cheval, cet homme taiseux, têtu et atypique qui apeurait un peu ses voisins par son projet bizarre mais a su gagner leur estime et leur reconnaissance.
Construire un palais pour sa fille alors qu'on est qu'un humble facteur rural...… Voir plus
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