Jean-Christophe & Winnie Etats-Unis 2018 – 100min.
Critique du film
un classique vu sous un autre angle
Marc Foster s’attaque à un mythe enfantin avec Jean-Christophe & Winnie (Christopher Robin). Avec l’aide du brillant Alex Ross Perry (Listen Up Philip, Queen of Earth) à l’écriture, le réalisateur suisse se lance dans une aventure loin des standards innocents qu’on connaît de Winnie l’Ourson. Place à un virage à 180 degrés comme souhaité par le mastodonte Disney.
Fini la Forêt des Rêves bleus. Jean-Christophe (Ewan McGregor) a grandi et laissé ses amis peluches (et réels) dans un coin de sa tête pour se frotter à la vie active, celle si intraitable et peu imaginative. Devenus indésirables, Winnie et ses amis prennent la décision de quitter leur forêt pour débarquer à Londres. L’imagination se confronte au réel et le passé refait surface pour signifier que la vie est légèreté avant d’être labeur.
L’ouverture passe en revue les événements personnels de Jean-Christophe. De l’internat à la Seconde Guerre Mondiale, en passant par la naissance de sa petite fille, il a traversé bon nombre de péripéties pour arriver à ce qu’il est aujourd’hui : un homme aigri et rongé par son emploi. Un écho à son auteur, Alan Alexander Milne, qui doit-on le rappeler a été inspiré par son fils…Christopher. Jean-Christophe & Winnie rappelle à nos bons souvenirs, à l’innocence de l’enfance. Par le biais du petit ourson, Forster nous parle avec légèreté du besoin de laisser jouer l’enfant qui sommeille en nous, nous projeter dans les limbes de l’innocence pour oublier quelque peu la dureté du monde réel. Ne rien faire amène souvent à la meilleure des choses, s’exclame le petit ourson. Une simple activité qui nous amène à réfléchir, à méditer sur notre véritable position en tant qu’humain. Derrière le discours simplifié, Alex Ross Perry, Tom McCarthy, Allison Schroeder, Greg Booker et Mark Steven Johnson exposent une vision presque philosophique simplifiée.
Prendre du recul, voilà une chose qui nous manque en ce moment. Poussés par une société qui fonce à une vitesse effrénée, nous oublions de prendre le temps de réfléchir. Jean-Christophe & Winnie n’est pas un film pour enfant, mais plutôt le croisement entre l’âge adulte et l’enfance. Et au milieu, il y a l’adolescence, là où Madeleine (Bronte Carmichael), la fille de Jean-Christophe, se trouve précisément. C’est elle qui fera office d’élément déclencheur. Ado, vous êtes entre l’innocence et le sérieux de l’adulte. Mais les belles dispositions scénaristiques laissent place à l’arrivée des travers de Marc Forster. Le même problème aperçu avec son précédent film : Je ne vois que toi. La nuance file au galop pour laisser place à une course contre-la-montre ubuesque. Exit la beauté du discours, place à ce besoin irrémédiable de faire du divertissement, délaissant la sève originelle du film.
En bref ! L’atmosphère choisie par Marc Foster contraste avec le conte légendaire que l’on connaît. Des couleurs plus sombres comme pour marquer un déclic émotionnel. Un petit brouillard qui live-action débute avec de belles promesses, avec un angle différent qui aurait pu s’avérer excellent sans ce besoin de tout salir avec une fin grossière. Comme Jean-Christophe, l’âme du film s’étiole plus le film évolue…
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