Le réalisateur britannique Stephen Frears revient sur une histoire rocambolesque, mais pourtant véridique qui a secoué l’Angleterre en 2012. Une épopée incroyable portée par une femme aux convictions tenaces incarnée par Sally Hawkins.

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Philippa Langley (Sally Hawkins) s’essouffle un peu dans une vie où rien ne semble prendre la bonne direction. Atteinte du syndrome de fatigue chronique, elle se voit refuser une promotion à son travail. Divorcée, elle jongle avec son job, ses enfants et un ex-mari qui ne cesse de lui rabâcher qu’elle ne peut se permettre de perdre son emploi.

Après avoir assisté à la pièce de théâtre de Shakespeare « Richard III », la cinquantenaire commence à avoir des visions du monarque décédé il y a plus de 500 ans. Elle se met en tête de retrouver les restes du roi Richard III et de rétablir la vérité sur la vie du défunt mal-aimé. Le « Looking for Richard Project », comme elle l’a nommé, redonne du sens à la vie de Philippa. Mais cette dernière essuie les critiques de son entourage, persuadé qu’elle a perdu la tête, tout comme les historiens et autres universitaires qu’elle rencontre dans sa quête de vérité.

Le récit semble pure fiction tant il est inimaginable, et pourtant le film se base sur la véritable histoire de Philippa Langley, cette Britannique sortie de nulle part, qui a ébranlé le monde universitaire en trouvant la dépouille du monarque sous un parking de Leicester un jour de 2012. Il n’en fallait pas plus à Stephen Frears pour en faire un long-métrage. Le réalisateur, à qui l’on doit notamment « Héros malgré lui » (1992), « High Fidelity » (2000), ou encore « The Queen » (2006) avec Helen Mirren, dépeint les aventures de cette Anglaise plutôt banale destinée à accomplir une chose extraordinaire.

Présenté au Festival du film de Toronto en 2022, « The Lost King » donne un coup de projecteur aux mal-aimés, aux laissés pour compte. Elle-même incomprise et mal-jugée en raison de sa maladie, de son soi-disant manque de compétences, ou de son âge, Philippa trouve en elle un nouveau souffle et un dynamisme qu’elle ignorait en réhabilitant un autre impopulaire de l’histoire. Usurpateur, meurtrier, laid et bossu, Richard III est victime d’une réputation désastreuse, moins fondée sur des faits que sur des légendes.

Petit à petit, on se prend au jeu de la quête, et notre intérêt pour l’obstination de cette femme à chercher la vérité et un sens à sa vie va crescendo. Si la réalisation est parfois un peu flemmarde et le scénario, pondu par Steve Coogan et Jeff Pope, prend quelques raccourcis, romançant au passage le parcours de Philippa pour obtenir gain de cause, le film bénéficie surtout de la présence de la toujours excellente Sally Hawkins. L’actrice, connue pour ses rôles dans « Blue Jasmine » de Woody Allen 2013, ou « La Forme de l’eau » de Guillermo del Toro (2017), pour lequel elle a été nommée aux BAFTA et aux Oscars dans la catégorie de la meilleure actrice, porte le film sur ses épaules.

« The Lost King » alterne ton léger et grave, et se joue même assez finement des genres en mimiquant comédie, drame, et film à suspense, bien aidé par une musique imposante signée Alexandre Desplat rendant la quête mystérieuse. Et même si ce n’est pas le film qu’on retiendra en priorité de sa filmographie, Stephen Frears a au moins le mérite de mettre en lumière cette femme ordinaire au destin hors du commun.