Scandaleusement vôtre France, Royaume-Uni 2023 – 102min.
Critique du film
Gros mots pour petits rires
En 2021, les grandes Jessie Buckley et Olivia Colman partageaient le costume du premier rôle de «The Lost Daughter» à différentes étapes de sa vie. Aujourd’hui, les deux actrices se font enfin face dans «Scandaleusement vôtre», une nouvelle comédie, moins drôle qu’il n’y paraît, certes, mais plus poignante.
Dans une petite ville du sud de l’Angleterre, une série de lettres injurieuses arrivent chez la pieuse Edith Swan (Olivia Colman). La coupable semble déjà toute trouvée : Rose Gooding (Jessie Buckley), une Irlandaise au langage fleuri, voisine de la victime. Mais à la police, l’agent Gladys Moss (Anjana Vasan) n’est pas convaincue par l’issue de cette affaire. Aidée d’autres femmes du village, elle va mener son enquête afin d’innocenter Rose.
En 1943, le cinéaste Henri-Georges Clouzot contait déjà dans «Le Corbeau» l’histoire d’un petit village mis à mal par une déferlante épistolaire calomnieuse – et fit entrer le terme «Corbeau» dans le langage populaire francophone pour désigner une personne à l’origine de lettres anonymes. Mais pour son premier scénario de long métrage, Jonny Sweet se laisse influencer par une histoire vraie similaire, typiquement britannique et remplie d’autres noms d’oiseaux bien plus colorés.
En 1920, les habitants de la petite ville de Littlehampton deviennent les victimes récurrentes d’une correspondance injurieuse. Sans prétendre à une reconstitution historiquement exacte des événements, le scénariste s’en inspire et garde le nom de la ville, ainsi que ceux des protagonistes. Et, de sa plume, il présente les péripéties d’un fait divers centenaire qui causa outrages et débats jusqu’au Parlement. S’il tente d’insuffler une certaine légèreté à son propos, l’humour omniprésent promis par la bande-annonce s’essouffle.
Rapidement, la caméra de la réalisatrice Thea Sharrock - connue pour son drame romantique «Avant toi» de 2016 - soulève le voile du quotidien et expose la tristesse de ses protagonistes enfouie sous les rires. Il fallait bien toute l’étendue, la flexibilité et la subtilité du jeu d’Olivia Colman et de Jessie Buckley pour passer avec tant de facilité de la comédie au drame. Avec aisance, les deux actrices transforment un chapelet d’injures grotesques en dialogues monty-pythonesques et communiquent les tourments internes de leurs personnages d’un simple regard, d’une petite moue.
Les costumes de Charlotte Walter et les décors de Shonagh Smith, embarquent le public pour un voyage dans le temps vers une époque révolue, accompagné agréablement de joyeuses mélodies pour piano et pour violon. Alors, oui, le résultat n’est pas forcément celui attendu, mais les grandioses performances de la distribution suffisent à convaincre et illustrent à la perfection les tourments de personnages soumis à la pression constante d’une société traditionnelle et patriarcale.
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Commentaires
“Juré, craché”
A Littlehampton, petite ville côtière de l’Angleterre, Edith Swan reçoit depuis quelque temps des lettres anonymes ordurières. Ses soupçons se portent sur sa voisine irlandaise Rose, connue pour ne pas avoir la langue dans sa poche.
Cette histoire plus vraie qu’il n’y paraît oppose la vieille fille bigote, asservie au père sévère, à la jeune veuve de guerre qui tente de garder pied pour sa fille à coup de boule et de blasphèmes. Ainsi criaillent les corneilles. L’opposition promet des étincelles, attisée par l’aisance naturelle de la reine Olivia Colman et de l’insoumise Jessie Buckley. Mais l’affaire, qui occupa avidement la presse à scandales de 1920, ronronne vite et se résoudrait en moins de deux si l’analyse graphologique avait été reconnue à l’époque. Certes, les échanges verbaux fatals aux esgourdes rougissantes fusent comme des flèches. Mais, pas si drôle et plus grave que prévu, le film, sous des airs inclusifs taisant d’autres réalités fâcheuses, fait le procès de l’oppression insensée du patriarcat puritain. Qu’on soit sainte, sorcière ou policière, le droit de la femme est de se taire. Il y a de quoi pousser quelques jurons !
(6/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 7 mois
De l'humour bien British, Beaucoup de charme dans ce film. Rien de transcendant
Rien de bien transcendant dans ce film British. Néanmoins l'ambiance, les décors, la mise en scène et le casting font que ce film a beaucoup de charme. Olivia Colman est vraiment une excellente actrice que j'avais découvert dans Empire of light. Quant à Timothy Spall il est fidèle à lui-même en jouant le personnage du père colérique et désagréable au possible. Un excellent moment de cinéma britannique. (G-13.03.24)… Voir plus
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