50 ans après l'introduction du droit de vote pour les femmes en Suisse, Stéphane Goël retrace le long chemin du pays vers l'égalité des sexes dans un documentaire divertissant.

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Selon la Bible, les femmes seraient soumises aux hommes. Bien que formulé un peu différemment, quelque chose de similaire figurait autrefois dans la constitution suisse. Plus précisément jusqu'au 7 février 1971, et ce vote mémorable où les hommes du pays se sont enfin décidés à accorder le droit de vote aux femmes. Du moins au niveau national. Au niveau cantonal et communal, les choses se présentaient différemment des années durant. Le canton Appenzell Rhodes-Intérieures fut, à la suite d'une décision du tribunal fédéral, le dernier à l'accorder seulement en 1990.

Considérant qu'une motion fut déposée au Conseil national dès 1918, le processus d'instauration du droit de vote des femmes s’étira longuement. La raison de cette lenteur - et c'est bien de cela dont parle Stéphane Goël dans son film - réside dans le système de démocratie directe de la Suisse. Prendre une décision demande que la majorité des personnes votant en soit convaincue. Dans le cas du suffrage universel, ou de l'égalité entre femmes et hommes, de nombreux changements socio-politiques essentiels sont nécessaires : du côté des hommes, mais aussi des femmes - exclues pendant des années de la scène politique – qui doivent comprendre le principe même d'égalité et l'exiger comme fondamental.

Ce processus prit environ cent ans; dans le film de Goël, Elisabeth Kopp estime que les états ayant introduit ces droits le plus tôt auraient pu prendre tout autant de temps si cette décision avait dépendu des citoyens et non du gouvernement. Ce pesant conflit intérieur de l'âme suisse possède une bonne documentation, et c'est sur celle-ci que le film de Goël se construit. Les démêlés pour l'égalité des femmes y sont présentés chronologiquement via de multiples sources : actualités, programmes télévisés, documentaires, affiches, flyers, photos. Ces éléments nous sont expliqués dans des entretiens de protagonistes ayant participé activement à ce combat, tels que Marthe Gosteli, Gabrielle Nanchen, Simone Chapuis-Bischof, Ruth Dreifuss, Tamara Funiciello.

De La Cuisine Au Parlement - Édition 2021 est humoristique, divertissant, passionnant; notons par ailleurs qu’un documentaire télévisé d'un titre presque similaire fut présenté en 2012 par Goél. Une leçon distrayante sur l'histoire (féminine) de la Suisse, qui en dit aussi beaucoup sur le fonctionnement de la démocratie directe.

(Traduit et adapté de l’allemand par Maxime Maynard)