Le dernier des injustes Autriche, France 2013 – 220min.

Critique du film

Le dernier des injustes

Critique du film: Geoffrey Crété

1975. A Rome, Claude Lanzmann filme Benjamin Murmelstein, le dernier Président du Conseil Juif du ghetto de Theresienstadt, seul "doyen des Juifs" à n’avoir pas été tué durant la guerre. Rabbin à Vienne, Murmelstein, après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne en 1938, lutta pied à pied avec Eichmann, semaine après semaine, durant sept années, réussissant à faire émigrer 121.000 juifs et à éviter la liquidation du ghetto. Il sera par la suite une figure très controversée dans la communauté juive, qui l’accusera d’avoir marchandé des vies. 2012. Le réalisateur Claude Lanzmann se rend à Theresienstadt, la ville « donnée aux juifs par Hitler », « ghetto modèle » et mensonge vendu par Adolf Eichmann pour leurrer le monde. Il met en scène ses entretiens avec Benjamin Murmelstein pour les offrir, enfin, aux yeux des autres.

On aborde Le Dernier des injustes avec le poids de Shoah, l’illustre documentaire réalisé par Claude Lanzmann, qui a marqué l’histoire du cinéma et des Hommes. Loin des dix heures du film de 1985, celui de 2015, d’une durée de 3h40, exige lui aussi de son spectateur une attention, indispensable pour saisir la dimension extraordinaire de ce témoignage à la fois fascinant et douloureux. Présenté hors compétition à Cannes en 2013, Le Dernier des injustes est une œuvre dense, forte, brutale, qui questionne la mémoire, la culpabilité, la morale, et la place d’un homme dans les rouages d’une machine cauchemardesque. Personnage hors normes et ambigu, Benjamin Murmelstein habite tout le film, qui se déroule comme une longue expérience, difficile certes, mais importante et précieuse.

30.04.2015

4

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