Aquarius Brésil, France 2016 – 142min.
Critique du film
Aquarius
Clara, la soixantaine, habite dans l’Aquarius : un immeuble singulier construit dans les années 40 face à l’océan, sur la très huppée Avenida Boa Viagem. Depuis des années, les promoteurs immobiliers tentent de racheter le bâtiment pour le moderniser, sans succès. Jusqu’au jour où l’un d’eux parvient à convaincre les habitants de vendre leurs appartements à un excellent prix, afin de pouvoir le reconstruire. Seule Clara résiste, et refuse obstinément de quitter son nid, malgré l’incompréhension de son entourage et la pression du promoteur.
Sonia Braga était l’une des plus belles surprises de la compétition du dernier Festival de Cannes avec Aquarius. De presque tous les plans, l’actrice mémorable dans Le Baiser de la femme araignée et La Relève avec Clint Eastwood, illumine le film de Kleber Mendonça Filho, avec une force discrète et une simplicité désarmante. Film sur le temps, le vide, la mémoire ancrée dans le matérialisme d’une culture à travers les époques, Aquarius est une œuvre envoûtante, enivrante, dont la finesse se cache dans une narration douce et poétique. A condition de se laisser porter, le voyage (2h25) se révèle magnifique. Comme son puissant personnage féminin, fort, beau et étonnant.
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Commentaires
Pensée du jour : L’effet aquatique
Dans un quartier huppé de Recife, face à l’océan, Clara, la soixantaine rayonnante, affronte digne et entêtée les promoteurs qui cherchent à remplacer l’ancien de l’immeuble Aquarius, dans lequel elle réside désormais seule, par des appartements modernes et luxueux.
Clara est une battante, une résistante. Elle a vaincu le cancer qui, vengeur, lui a rongé le sein droit. Sa plus belle revanche, la longue chevelure ébène qu’elle arbore fièrement, symbole de guérison, de liberté, arme de séduction massive. Et ce n’est pas une société immobilière peu scrupuleuse qui parviendra à la faire plier. Amoureuse des objets porteurs de sens et de souvenirs – telle cette commode, piédestal à des ébats intenses, ou sa collection de vinyles comparés à des bouteilles à la mer –, la pasionaria fera tout pour préserver ce lieu cher à son cœur, quitte à déplaire et inquiéter : « Je suis à la fois une vieille dame et une enfant », reconnaît-elle. Héroïne attachée au passé, mais vivant avec son temps, Clara nage, sort, danse, charme, aime et quand elle surprend une partie de débauche dans l’appartement du dessus, elle ne craint pas, sourire au coin, la tentation et s’y soumet à sa manière. Un portrait de femme magnifique incarnée avec grâce par Sônia Braga qui, enrobée de musique et idolâtrée par la caméra, en devient divine. Un portrait subtil aussi du Brésil, de ses beautés, sa culture et ses inégalités, doté d’une dimension politique selon certains qui l’interprètent comme une dénonciation du coup d’État ayant mis à terre la Présidente Dilma Roussef. Assurément, une réalisation sans faille qui distille, durant 2 heures 22, émotion, signifié, inattendu et tension palpable avec une maîtrise rare, faisant de Kleber Mendonça Filho, un réalisateur qui compte déjà après seulement deux films. Un seul regret peut-être, une fin abrupte qui nous arrache à jamais à cette combattante que l’on aurait aimé escorter au rythme d’une bossa nova sans note ultime.
9 /10
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Le meilleur moyen pour s'endormir au cinéma. Film qui traîne en longueurs. Belle prestation de l'actrice principale
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