Happy End Autriche, France, Allemagne 2017 – 107min.

Critique du film

Happy End

Critique du film: Geoffrey Crété

Calais. Une famille bourgeoise affronte plusieurs crises. Directrice d’une entreprise de travaux, Anne gère avec son fils Pierre un grave accident sur l’un des chantiers. Parce que son ex-femme est à l’hôpital, Thomas accueille sa fille Eve, qui emménage dans la demeure familiale. Le patriarche, Georges, cherche un moyen de mettre fin à ses jours.

C’est froid, c’est brutal, c’est déstabilisant : c’est un film de Michael Haneke. Cinq ans après le succès phénoménal d’Amour, qui l’a emmené jusqu’aux Oscars (prix du meilleur film étranger, nominations comme meilleur film ou encore meilleur réalisateur), le cinéaste autrichien est de retour avec un film chorale centré sur une famille bourgeoise. Difficile de bien déchiffrer les intentions de ce drame avec Isabelle Huppert, Mathieu Kassovitz et Jean-Louis Trintignant : critique classique de la bourgeoisie, du mal-être ordinaire, des violences silencieuses, de l’hypocrisie généralisée, des familles qui pourrissent de l’intérieur sans s’en inquiéter, Happy End (un titre bien évidemment ironique) essaie beaucoup sans être aussi percutant que les précédents films du réalisateur. D’où, au final, une étrange impression de vide, à peine rehaussée par quelques scènes plus fortes.

16.09.2021

2

Votre note

Commentaires

Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.

Login & Enregistrement

vincenzobino

il y a 7 ans

3.5: Ève, lève-toi
Calais, sur la route des migrants: la famille Laurent, assez aisée, est sous le feu des projecteurs après un accident de travail sur le lieu même de l'usine. Entre un patriarche suicidaire et amnésique, une fille PDG négociant l'extension vers Londres, un fils médecin et un petit-fils formé pour prendre la présidence et incapable de s'assumer, l'ambiance est au beau-fixe. Ève, fille du médecin, débarque dans cet univers peu accueillant...
Aah la bourgeoisie, sa vie trépidante faite de banquets, festivités, négociations; ses frasques : des éléments qui laisseront indifférents tout ceux étant extérieurs à ce cercle.
Et Haneke l'a parfaitement compris: il ne cherche nullement à susciter un quelconque intérêt envers cette galerie de personnages et, à-travers le regard d'une fille de 13 ans, seule véritable source d'empathie, de par sa mère biologique, l'on apprend à éprouver le même désintéressement, la même envie d'en finir.
Et cela donne une féroce chronique sur l'indifférence, pimentée d'une mini-rétrospective de l'œuvre du réalisateur autrichien: Isabelle Huppert et Jean-Louis Trintignant ont la même froideur que Amour, Kassovitz cette indifférence. Et l'on éprouve pour la jeune Fantine Hardouin l'admiration pour son personnage, son allusion à la mort omniprésente et la dernière séquence est un pied-de-nez à ce milieu.
Il n'y a pas de Happy End véritable, sauf peut-être pour les invités étrangers à ce cercle et un certain message de bienveillance inédit chez Haneke.
Se laisse donc voir...Voir plus


CineFiliK

il y a 7 ans

“Après l’Amour”

Dans leur hôtel particulier, la famille Laurent s’efforce de se maintenir autour de Georges, le patriarche, qui ne vit plus que pour mourir.

En ouverture, une femme est filmée à son insu en train de se brosser les dents. Des bulles de commentaires anticipent ses gestes, ses actions. Les vidéos de Benny et les caméras de surveillance de Caché ont laissé place à Eve, dissimulée derrière son téléphone intelligent. La jeune fille de treize ans possède toute l’élégance du hérisson. Tel son grand-père, c’est un instinct de mort qui l’anime. Avec son style chirurgical si précis, mais guère innovant, Haneke s’amuse à disséquer les âmes des bourgeois de Calais. Aveugles privilégiés, leur est-il permis de se plaindre alors que rôde au dehors un temps du loup bien plus féroce – conditions de travail, racisme latent, crise des réfugiés ? Plombé par l’autocitation, le discours n’évolue guère ni dans sa forme ni dans son contenu. Proche du rabâchage, le jeu n’a plus rien de « funny ». Il lasse et agace. Creux, les personnages sont des fantômes incapables de nous hanter. Transparents, ils en deviennent parfois ridicules – Paul, le fils raté, s’écorchant maladroitement au Chandelier d’un karaoké. Même le lumineux Jean-Louis Trintignant semble s’être éteint suite au départ d’Emmanuelle Riva. Que reste-t-il de leur Amour ? Rien qu’une étincelle. Il serait pénible qu’il tienne là son dernier rôle, lui qui est aujourd’hui malade. Tout aussi désolant serait que la carrière de l’ange exterminateur Michael s’achève sur cet Happy end d’une ironie prémonitoire.

4.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 7 ans


Autres critiques de films

Gladiator II

Red One

Venom: The Last Dance

Le Robot Sauvage