La route sauvage Royaume-Uni 2017 – 121min.

Critique du film

Lean on Pete

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Charley Thompson a quinze ans et a appris à vivre seul avec son père. Tout juste arrivé dans l’Oregon, il se fait engager chez un entraîneur de chevaux et se prend d’affection pour Lean on Pete, un Quarter horse en fin de gloire. Le jour où Charley se retrouve totalement livré à lui-même, il prend la route et s’enfuit avec Lean on Pete pour retrouver une tante dont il n’a qu’un lointain souvenir ...

Pour son quatrième long-métrage Andrew Haigh adapte le roman éponyme de l’écrivain et chanteur de country Willy Vlautin. «Lean on Pete»; une balade à la Huckleberry Finn ou Tom Sawyer, comme de l’eau claire, tendre et adolescente.

Puisqu’il faudra le dire, débarrassons-nous en ici: «La route sauvage» semble être l’adaptation d’une histoire pensée comme un prétexte pour (re)plonger dans l’une des mythologies les plus photogéniques. Composée sans grande ambition scénaristique, c’est une histoire au service d’une esthétique (à laquelle il faudra être sensible par ailleurs). La chose est bien connue au cinéma et «Lean on Pete» se révèle être un hommage à la mélodie pittoresque du Grand Ouest. Mark Twain, Jack Kerouac, London, Johnny Cash... s’il y a une mythologie de l’Amérique c’est bien elle: la route et les âmes vagabondes brûlant le dur des espaces infinis.

Des vies se déchirent et d’autres se mêlent au hasard d’une belle narration. Charley Thompson (Charlie Plummer), ce wanderer californien crapahute dans un tableau alvéolé de rencontres. L’épopée est touchante, quelque peu attendue et le film ne s’envolera jamais au-delà de l’énoncé mais la flopée d’acteurs est délicieuse: De Travis Fimmel (de la série Vikings), le père aux allures de grand-frère, instable, buveur et Casanova de diner, à Steve Buscemi, amer et paternaliste dans son rôle d’éleveur de chevaux, jusqu’à Chloë Sevigny d’une justesse émouvante dans son rôle de jockey en fin de gloire.

Naïf lorsqu’il parle d’une Amérique sans rien en expliquer, le film nous contera néanmoins le mélodrame de cette middle-class blanche persistant vainement dans une époque révolue. Au milieu, la fougue transcendantale, irrésolue et adolescente du jeune Charley. Livré à lui-même, l’acteur est de tous les plans, un little highwayman pour une invitation au voyage. Une nymphose californienne à cheval, direction le Wyoming et guidée par le souffle du désert. La route s’embaume de la mythologie de ses pairs. Certes un peu lissé mais cristallin, Andrew Haigh signe ici un joli conte initiatique.

03.04.2024

3

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 6 ans

Charley's Angel
Charley, 15 ans, vit seul avec son père et subit son quotidien :alcool, sexe et violence. Lorsqu'un règlement tourne mal et que son paternel est en piteux état, le jeune homme ayant besoin d'argent croise la route de Del, un propriétaire de chevaux, et se prend d'affection pour l'une de ses montures, Lean on Pete. Mais face au sort réservé au pur-sang de course, Charley s'enfuit avec le cheval et veut rejoindre sa tante Margie dans le Wyoming, soit traverser tout le pays.
Nouvelle chronique du quotidien américain signée du réalisateur de 45 years, Lean on Pete (titre français apparemment peu approprié) nous promettait une relation entre un jeune homme et un cheval et pouvait courir le risque d'un classicisme pur: l'on en est pas toujours loin par certaines séquences un peu cliché, mais le propos est ici tout autre: comment un ange de 15 ans va-t-il découvrir l'Enfer dans lequel il vit et s'en accommoder.
Le résultat de cette analyse est assez saisissant: le lien humain-cheval et leur rejet commun est illustré par une sauvage description du milieu des courses hippiques où seul le spectacle et le profit comptent, une vraie mafia en quelque sorte. Et cette mafia va forger le caractère et faire franchir un pallier à Charley.
Remarquables interprétations (Charlie Plummer impeccable et Steve Buscemi quasi méconnaissable en tête), photographie magnifique et même si le titre original est un peu trompeur, le titre français s'avère finalement juste: ça n'est pas la route qui est sauvage mais les routiers l'empruntant.
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CineFiliK

il y a 6 ans

“Lonesome cowboy”

Charley, quinze ans, s’attache vite à Lean on Pete, le cheval de course dont il s’occupe avec soin. Quand il apprend que l’animal, jugé trop vieux, va être bientôt abattu, il s’enfuit avec lui.

Il court, il court, le garçon, après la vie, qui n’a guère été tendre. Une mère partie, un père instable, peu d’éducation ni de quoi manger à sa faim. Le jeune homme s’échappe alors pour rejoindre sa tante dans le Wyoming, au souvenir de laquelle il se raccroche avec ferveur. Comme aux rênes qui le rattachent à son unique compagnon.

La conquête de l’Ouest n’est aujourd’hui plus qu’un vague fantasme. Le rêve américain a fait place à la désillusion. Les héros sont fatigués, tristes. Le chemin du retour, vers un refuge hypothétique, sera long et périlleux.

Moins fort et puissant que The rider de Chloé Zhao, western tout aussi désenchanté, le film de l’Anglais Haigh révèle surtout un nouveau talent : Charlie Plummer, pauvre cowboy solitaire.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


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