Maryline France 2017 – 107min.

Critique du film

Maryline

Adrien Kuenzy
Critique du film: Adrien Kuenzy

Après une enfance dans un petit village de province dans une maison aux volets clos, entre une mère alcoolique et un père violent, qui ne reçoivent jamais personne, Maryline "monte à Paris" pour devenir comédienne. Son visage, marqué de silences, intrigue. Elle va connaître tout ce que ce métier peut avoir d'humiliant lors du tournage d'un gros film réalisé par un immense metteur en scène aussi doué que tyrannique. On la retrouve alcoolique à son tour, dans un rectorat à trier des papiers comme on travaille à l'usine. Mais le métier la rattrape. Grâce à des rencontres de personnes bienveillantes, elle va s'en sortir, de l'alcool, de la peur des mots et des autres.

Guillaume Gallienne met en scène Adeline d’Hermy, comme lui sociétaire de la Comédie-Française et plus habituée aux planches de théâtre qu’à la caméra. « Elle est humble et cela ne se compose pas » répond le cinéaste lorsque la question du choix de l’actrice est abordée, avant d’ajouter : « C’est sa lumière aussi. Je ne voulais vraiment pas que cela soit un film glauque (…) et elle est très lumineuse, (…) elle sait incarner le minuscule même s’il n’y a pas les mots pour l’exprimer. » Cette discrétion se retrouve bien à l’écran avec Maryline, personnage sublimé par les talents de l’actrice qui l’incarne généreusement. Alors qu’Adeline reste très discrète et impressionnée lorsqu’elle présente le film aux côtés du réalisateur sur les plateaux télé, c’est comme si la composition du personnage découlait directement de la nature timide de la comédienne. Le passage de la vie au jeu sur les planches est une manière de représenter l’acte de création et ce film mêle subtilement les deux niveaux de réalité ; l’acte de savoir « être simplement » dans toutes les strates de la représentation est amené avec une grande maîtrise dans ce deuxième long-métrage de Guillaume Gallienne. Résolument moins comique que « Les Garçons et Guillaume, à table ! », ce drame dresse le portrait gracieux d’une femme qui apprend à utiliser toutes ses ressources pour enfin dompter ses angoisses. Bien que le film n’atteigne pas l’inoubliable « The Opening Night » de John Cassavetes, chef-d’œuvre dans lequel Gena Rowlands interprète une actrice vieillissante qui apprend à se réinventer au théâtre, le nouveau film de Guillaume Gallienne est un petit bijou qui nous permet aussi de découvrir une comédienne talentueuse et encore trop méconnue.

15.11.2017

4

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 6 ans

“Une étoile est née”

Issue d’un milieu modeste et campagnard, Maryline, 20 ans, se rend à Paris pour devenir actrice. Mais le monde du cinéma n’a rien de tendre pour les filles comme elle.

Lors d’un premier casting, il est demandé à la débutante intimidée de tenir une table, comme si celle-ci était un objet d’importance. Secouée de droite à gauche avec brutalité, la jeune femme s’accroche sans rien lâcher. Une métaphore de ce qui l’attend. Maryline a du talent. Un diamant brut qui non taillé ne parvient à briller de ses feux. Grands yeux mouillés, bouche serrée, elle n’a ni les armes ni les mots pour se défendre face aux humiliations. L’alcool sera son île illusoire. Mais, si elle ressemble à un moineau blessé, tombé du nid, il ne lui manque qu’une âme charitable pour prendre son envol. Jeanne, l’oiseau de Paradis, sera cette aile tendue.

L’étincelante Adeline d’Hermy donne espoir à cette Cosette émouvante et mystérieuse. Quelques bribes seulement d’une enfance douloureuse. Une remise de prix pour bonne conduite qui expliquerait sa passion pour les projecteurs. A force d’ellipses, de ruptures rythmiques, d’insistance et de faux-semblants, Gallienne préfère à la simplicité bouleversante la carte de l’artifice, au risque de perdre non pas son héroïne, mais son spectateur.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


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