Sweet Country Australie 2017 – 90min.

Critique du film

Un western rude, aride et percutant

Alexandre Janowiak
Critique du film: Alexandre Janowiak

Sweet Country se déroule dans l’Australie des années 1920. Inspiré de faits réels, il raconte l’histoire de Sam Kelly, un ouvrier agricole aborigène obligé de fuir dans l’outback profond alors qu’il est poursuivi par un homme de loi pour avoir tué un Blanc.

La plus grande chose à retenir de Sweet Country est sa force visuelle. Esthétiquement, le long-métrage de Warwick Thornton est absolument sublime. Il offre nombre de plans irréprochables des plaines sauvages de l’outback, des plateaux arides de l’Australie profonde ou du désert de sel (point culminant de la poursuite), le tout dans une lumière éblouissante où le ciel orangé finit par se confondre avec les vastes étendues safranées. L’ensemble, tourné uniquement en extérieur, est filmé de manière très classique par le cinéaste australien mais avec une vraie maîtrise qui permet au film de développer allègrement son propos historique et sociale

En effet, bien au-delà de sa maestria visuelle illuminant l’écran, Sweet Country se veut bien plus qu’un simple western dans l’Australie des années 20. L’austérité des lieux et la rudesse des plans sont les miroirs de cette nation de l’époque, divisée et profondément raciste. Au travers de son personnage noir Sam Kelly, superbement interprété par l’inconnu Hamilton Morris, le réalisateur narre un petit fait réel pour pouvoir développer ce qui a forgé la grande Histoire de son pays. Les tensions raciales entre aborigènes et blancs sont la clef de voûte de l’Australie d'aujourd’hui, et à une époque où les relations communautaires sont particulièrement tendues, Sweet Country résonne particulièrement dans notre monde si morcelé.

Par le biais de cette fine observation de l’histoire de son pays, et in extenso du monde actuel, Warwick Thornton offre un climax, certes attendu (le film débute par un flashforward), mais qui sera surtout l’occasion de présenter la bipolarité de l‘être humain. Ainsi, la bienveillance et l’animosité, la noblesse et la lâcheté de l’humanité se chevauchent dans un final d’une cruauté saisissante et terriblement émouvante.

Résumé : Esthétiquement parlant, Sweet Country est une magnifique réussite portée par la mise en scène soignée et maîtrisée de son jeune réalisateur. Mieux encore, il diffuse des valeurs sociales importantes à l’heure actuelle tout en exposant admirablement l’histoire de l’Australie et les tensions racistes qui ont forgé sa destinée.

23.07.2018

4

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Commentaires

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Casper73

il y a 6 ans

Sunburnt country
Le réalisateur australien Mike Thornton émeut avec sweet country dont les splendides paysages encadrent l’histoire de son pays indissociable de la cause aborigène. Si de prime abord, la chronologie déroute quelque peu, la lecture de ce type de mosaïque visuelle s’enracine dans la mythologie et les croyances du peuple d’origine où chaque vécu d’homme s’inscrit dans un territoire offert par cette terre brûlée par le soleil et hantée par les dingos.
Les acteurs aborigènes filmés au plus près soulignent l’interprétation de leurs tribulations. Quelques longueurs pourraient être à déplorer mais qu’est-ce que la valeur du temps face à l’importance d’un certain regard. Alors se relèvera le temps du rêve.Voir plus

Dernière modification il y a 6 ans


vincenzobino

il y a 6 ans

Et au milieu se dresse un désert
Les années 1920, dans un bush australien: Harry, un propriétaire blanc raciste, viole et met enceinte l'aborigène Lizzy. Son mari, Sam, le tue et le couple prend la fuite. Le sergent Fletcher, ancien officier durant la guerre de 14-18, est prêt à tout pour les retrouver, quitte à mettre ses idéaux au tapis.
Après Sansom et Dalila, où traîtrise et duperies étaient de mise, Thornton s'attaque à un épisode sombre du passé australien: la ségrégation des aborigènes. Et pour se faire, il s'inspire d'un récit vrai en prenant le risque de froisser ses concitoyens.
En dressant un procès sur ces méthodes condamnables et fort heureusement reconnues comme telles, son plaidoyer brutal nous marque: par un montage sec où bien des éléments en puzzle se mettent en place. Par une formidable intrusion photographique mettant tant les corps que les décors naturels en évidence. Et par une issue réconciliante et néanmoins illustratrice des rancœurs encore de mise sans doute aujourd'hui: les faits se déroulent il y a près de 100 ans, mais un tel cas pourrait se produire aujourd'hui.
Des acteurs fabuleux, particulièrement Bryan Brown en Dirty Harry n'ayant pas vraiment les cartes en main. Les aborigènes interprètes et amateurs pour la plupart sont particulièrement touchants, notamment l'aïeul sage malgré lui.
A recommander en étant néanmoins préparé même si certaines pointes d'humour détendent quelque peu...Voir plus


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