Les proies Etats-Unis 2017 – 93min.

Critique du film

The Beguiled

Critique du film: Geoffrey Crété

Virginie, 1864. Alors que la guerre de Sécession fait rage, le pensionnat pour jeunes filles tenu par l’autoritaire Martha Farnsworth tente de continuer à vivre. Le temps s’écoule au ralenti pour les cinq étudiantes et leur institutrice Edwina. Jusqu’au jour où l’une d’entre elle rencontre dans les bois John McBurney, un soldat blessé sur le champ de bataille et qui s’est enfui. Elles décident de le recueillir et le soigner, tiraillées entre la peur et le désir. L’intrusion de l’homme va peu à peu créer des rivalités et des drames…

Propulsée et célébrée avec Virgin Suicide et Lost in Translation, Sofia Coppola a entamé par la suite une descente plus ou moins dramatique, selon les avis. Marie-Antoinette a vivement partagé, tandis que Somewhere et The Bling Ring dévoilaient cruellement les limites de son cinéma, la faute à des discours très simplistes et une mise en scène clinquante. Les Proies, nouvelle adaptation du livre de Thomas P. Cullinan filmé par Don Siegel avec Clint Eastwood en 1971, amorce un mouvement inverse : la réalisatrice y redéploie une partie de ses talents, instaurant une belle ambiance et un cadre terriblement cinégénique. Malheureusement, il manque une réelle profondeur à ce thriller pudibond, qui semble avoir peur de rentrer dans le vif de son sujet. Ainsi, lorsque défile le générique de fin, il y a l’amère sensation que le film aura été un peu vain, et incapable de tirer parti des forces en présence, les acteurs et la trame ayant tout pour créer un thriller tordu et palpitant.

15.08.2017

3

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Commentaires

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CineFiliK

il y a 7 ans

“Le silence des agnelles”

Alors que la guerre de Sécession déchire la Virginie de 1864, la petite Amy, en quête de champignons, découvre dans la forêt un déserteur nordiste grièvement blessé. Dans un élan de charité chrétienne, elle le ramène dans le pensionnat de jeunes filles où elle demeure afin de le faire soigner.

Adaptée en 1971 déjà avec un fringant Clint Eastwood dans le rôle du soldat, Sofia Coppola reprend cette histoire de loup dans la bergerie en insistant sur le point de vue des agnelles. Une démarche peut-être louable mais dont l’absence de modernité globale étonne et déçoit de la part de celle qui fit de Marie-Antoinette une influenceuse des temps modernes. Belle image certes, illuminée par de nombreux contre-jours qui noircissent les troncs ou par la lueur délicate des chandelles. Mais un discours sur l’opposition entre sexes qui ne diffère guère de celui d’il y a bientôt 50 ans, beaucoup plus avant-gardiste à l’époque. Alors que ces vierges assistent au suicide de leurs pères, frères et maris qu’elles n’auront jamais eus, partis mourir sur le champ de bataille, l’intrusion d’un serpent dans leur éden affole raisons et sentiments. Le mâle personnifié apporte avec lui l’envie et la tentation. Le ver est dans la pomme, croquée sous forme de tarte. Sa neutralisation passera par la castration. La réalisatrice aurait pu se démarquer en utilisant franchement les codes de l’horreur. Elle frôle avec grand-peine l’inquiétant, annihile toute l’ambiguïté du final et provoque même quelques rires de la salle devant tant de désuétude. Poussées par un instinct de défense, les proies deviennent prédatrices mais se fourvoient en désignant l’homme comme leur ennemi premier. C’est le corsetage appliqué de leur propre désir qu’elles auraient dû trancher.

5.5/10
twitter.com/cinefilik
cinefilik.wordpress.comVoir plus


Casper73

il y a 7 ans

L'école des femmes

The beguiled versus les proies; une perte à la traduction dû au singulier de la situation.

Alors que la guerre de Sécession ravage les bleus comme les gris, une pension de jeunes filles sudistes offre le tableau d'un havre raffiné de quiétude où deux trois jeunes filles ânonnent ce être français dévolu à leur futur sous la houlette de leur préceptrice.
John (Colin Farrell) soldat dont l'âme autant que la jambe sont meurtries trouve refuge au sein de cet internat dirigé par Martha; la flamboyante Nicole Kidman. Pansé, observé, reclu, nourri, il suscite l'intérêt d'un animal fantastique. Un microcosme féminin lénifiant. Qui est "engeôlé" ? L'hospitalité du Sud ne semble pas avoir de limites. Si Miss Martha s'évertue à cadrer son petit monde et à juguler les passions par des séances de prières, elle semble par ailleurs incarner une nouvelle Arsinoé qui "a de l'amour pour les réalités". Seule Edwina (Kirsten Dunst) paraît porter un amour sincère à John qui affiche un regard captivé. Objet de toutes les attentions il tarde à montrer une quelconque personnalité. La chaîne des événements coupera court à ses velléités de romances avec peu de Miserycorde de ces mantes religieuses.
La réalisatrice Sofia Coppola porte sur les fronts baptismaux un huis clos au décor soigné peut-être parfois au détriment des caractères où le crime s'ourdit dans le chuchotement et le chatoiement de la satinette comme de la percale bordée de dentelles. Sans le balancement de l'encensoir, ce nouveau film mérite la reconnaissance de son identité.Voir plus

Dernière modification il y a 7 ans


vincenzobino

il y a 7 ans

3.5: Impitoyable(s)
1864, Virginie, en pleine guerre de Sécession: John, soldat nordiste blessé, est recueilli au pensionnat de jeunes filles que dirige Martha. Sa présence dérange dans ce foyer sudiste, mais ses occupantes sont prêtes à en faire fi. Particulièrement Edvina dont le caporal tombe amoureux. Une rencontre entre les deux tourtereaux va néanmoins mettre en lumière les oppositions Nord-Sud et dévoiler les véritables caractères en temps de guerre.
Remake du film de Don Siegel, les proies version 2017 semblait nous orienter vers une vision plus féministe du film original (que je précise ne pas avoir vu) et à sa tête, Sofia Coppola pouvait nous faire craindre une version rock'n'roll façon Marie-Antoinette.
Mais la fille du "Parrain" du septième art réussit passablement bien à nous entraîner dans ce foyer, du moins sur les 80 premières minutes: des décors et costumes remarquables, des actrices parfaites (notamment Kirsten Dunst) et une musicalité prenante, particulièrement par une séquence piano magnifique.
Toutefois, le dernier quart-d'heure semblant lorgner du côté d'Impitoyable, manque partiellement d'intensité et l'on aurait peut-être espéré une dizaine de minutes supplémentaires basées sur ces caractères mentionnés plus haut et il sera intéressant de comparer avec l'original.
A recommander et en VO si possible...Voir plus


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