Beautiful Boy Etats-Unis 2018 – 112min.

Critique du film

Overdose de mélancolie

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Nic (Timothée Chalamet) est un jeune homme plein de vie, un garçon promis à réaliser de grandes choses. Mais à 12 ans, par curiosité, il touche à la drogue pour expérimenter. De manière occasionnelle, il enfile pourtant le costume d’héroïnomane. La drogue dure pour une vie de toxicomane à plein temps. Nic s’enfonce toujours un peu plus dans le piège de la drogue et à 18 ans, tout dégénère. Son père, David Sheff (Steve Carell), un journaliste, décide de tout mettre en oeuvre pour sortir son fils de l’enfer. Sa vie en prendra un coup et lui-même va se retrouver au point de saturation.

Felix Van Groeningen s’est distingué avec Alabama Monroe, ou encore avec Belgica en 2016. Beautiful Boy s’inscrit dans cette lignée : Une relation en fin de cycle, des personnages au bout du rouleau qui passent le témoin. Les événements rappellent à la raison et arrêter les frais devient la seule solution, comme pour David Sheff, éreinté par une bataille qu’il pensait possible de gagner. Son fils Nic est jeune, encore malléable et capable de relever la tête. Mais tout va de travers, même si l’espoir fait vivre… quelque temps. Curiosité de journaliste ou incompréhension parentale, David se lance corps et âme dans l’étude de la toxicomanie. Il veut tout savoir sur la méthamphétamine, quitte à tester lui-même pour en comprendre les effets. Les différents effets sont à l’image de la relation père/fils que Beautiful Boy décrit. Un marathon de l’espoir qui se transforme en une déchirante déconvenue. Van Groeningen le narre sans prétention, avec la retenue nécessaire.

Structuré habilement à travers différent flashbacks, Beautiful Boy nous happe dans cet affrontement entre deux créatures mélancoliques : David et Nic. Pour ce faire, il faut deux comédiens à la hauteur. Chose faite. Steve Carell est d’une sublime retenue. Le comédien vous serre le coeur quand il propose à son fils de lui réserver une chambre pour l’aider. En face, Timothée Chalamet (nommé aux Golden Globes et aux BAFTA pour sa performance dans un second rôle) bascule de la joie à la douleur. Le voir traîner, les larmes aux yeux, fatigué de faire face à sa dépendance, et de prendre son pied quand l’aiguille se faufile dans ses veines, nous montre qu’il a tout d’un « beautiful boy ». Charles Bukowski en toile de fond, Sigur Rós en fond sonore. Beautiful Boy est ce film à la syntaxe éclatée, parfois empreint d’une inégalité rythmique, certes, mais terriblement touchant.

En bref !

Rien que pour les performances de Steve Carell et Timothée Chalamet, Beautiful Boy vaut son pesant d’or. La lutte perpétuelle d’un jeune toxicomane y est admirablement traitée, entrecoupée de plusieurs étapes de vie importantes pour les deux individus. Un morceau de vie, entre rires et larmes, entre espoirs et désespoirs. Un film sur le fil du rasoir.

30.01.2019

4

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 5 ans

Itinéraire d’un enfant gâteux
David est un papa poule pour son fils Nic, tout juste 18 ans. Il faut dire que le gosse ayant découvert la sensation de plaisir provoquée par l’amphétamine, une drogue aux conséquences sévères, il n’est plus capable de s’auto-assumer. La nouvelle épouse de David, Karen, et leurs deux enfants pourront-ils trouver une place dans cette cohabitation?
Van Groenigen de retour sur territoire américain avec une évidente expérience de vie telle Alabama Monroe, il y avait de quoi tenter cette expérience, marquante.
Les différentes phases du drogué nous sont servies: l’hésitation à plonger, le plongeon, la désintoxication et ses conséquences redoutables. Niveau psychologique l’on est quelque peu dubitatif quand à l’effarante passivité dont semble faire preuve les officiels, police, hôpitaux (séquence hallucinante lors d’une rechute). Heureusement qu’il y a une conscience paternelle. Suffira-t-elle?
Outre le front drogue et ce manque d’empathie envers Nick, c’est bien le combat paternel qui impressionne avec un Steve Carrell phénoménal qui a sûrement dû rencontrer le vrai David, tant ses deux derniers gestes sont la symbolique de cette tentative de conduire à bien l’itinéraire de son fils (Chalamet également parfait). Et si l’ultime vous fera sans doute bondir ou rire, tout dépend de votre point de vue, je vous invite à a rester jusqu’à la fin du générique où une confession de l’un des personnages principaux nous est transmise oralement. Et sachant la source de l’adaptation, l’on perd tout esprit critique face à cette révélation. A recommander
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CineFiliK

il y a 5 ans

“Mon fils, ma bataille”

David Sheff, journaliste indépendant, rencontre un spécialiste des drogues. Il souhaite mieux comprendre et soutenir Nic, son fils aîné, accroc aux méthamphétamines.

Il avait tout pour réussir. Brillant élève, doué de la plume et courtisé par les grandes universités. Mais le piège du crystal s’est refermé sur ce « beautiful boy ». Ni psychologie ni raisons superflues, seuls subsistent la douleur, le manque et les dommages collatéraux.

Dans le récent Ben is back, Julia Roberts s’entendait dire : « Même si le sauver est impossible, ne pas essayer serait se haïr ». Père aimant, Steve Carell en est au même point. Subir, aider et pardonner. Mais que faire quand la confiance ne peut reposer que sur un test urinaire. Pour ne pas sacrifier une famille au bonheur recomposé, il faut savoir aussi renoncer.

Le Belge quitte son Alabama Monroe pour les Etats-Unis. Il y adapte deux récits de vie en un mélodrame à la limite du trop tendre, de l’aseptisé. Pas d’effet ravageur, mais une réalisation plus discrète qu’à son habitude et des comédiens investis.

6.5/10Voir plus

Dernière modification il y a 5 ans


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