Genesis 2.0 Chine, Corée du Sud, Russie, fédération de, Suisse, Etats-Unis 2018 – 113min.
Critique du film
La résurrection des mammouths
Les îles de la Nouvelle-Sibérie sont des terres sublimes, bien qu’inhospitalières. Pourtant, chaque année, des dizaines de chasseurs s’y rendent pour tenter de mettre la main sur des restes de mammouths. Souvent bien conservées, les défenses de ces animaux disparus peuvent alors valoir une petite fortune. Mais elles intéressent aussi les scientifiques qui, grâce à l’avancée des technologies en biologie génétique, sont à deux doigts de concrétiser un projet fou : ressusciter le mammouth.
Né de la collaboration entre le réalisateur suisse Christian Frei et le cinéaste russe Maxim Arbugaev, Genesis 2.0 est constitué de deux ambiances distinctes. La première s’intéresse à ces chasseurs de défenses de mammouths en Nouvelle-Sibérie que Maxim Arbugaev a suivi pendant toute une saison. En quête d’or blanc, ces hommes comptent notamment sur leurs butins pour nourrir leurs familles. Entre joie et déception, le résultat aboutit sur un récit intimiste doté de belles images superbement accompagnées par la partition de Max Richter. Dommage cependant que cette section souffre de longueurs qui ont tendance à plomber le rythme général du documentaire.
En parallèle, Christian Frei a choisi de traiter de l’aspect scientifique en suivant des protagonistes dans le monde entier. Chercheurs, généticiens, cloneurs, ou responsables du musée du mammouth qui souhaitent ressusciter cet animal disparu, tous évoquent le futur de notre évolution dans un jargon scientifique qu’il est parfois difficile de comprendre. Déroutante au premier abord, l’association de ces deux atmosphères devient peu à peu cohérente à mesure que la découverte inouïe de sang intact de mammouth, synonyme d’une possible résurrection, est abordée. Dès lors, les enjeux génétiques commencent à prendre forme jusqu’à l’aboutissement d’un véritable scénario de science-fiction dans le dernier quart d’heure. Mais en n’atténuant guère les propos, les réalisateurs omettent toutefois de consacrer assez de temps aux questions éthiques soulevées par la problématique. Avec un sujet de la sorte, il paraissait pourtant essentiel de le faire consciencieusement.
En bref !
En joignant leurs sensibilités artistiques, Christian Frei et Maxim Arbugaev donnent un aperçu des recherches actuelles en biologie de synthèse au travers d’un documentaire passionnant, bien qu’un peu long. Et à force de vouloir trop se focaliser sur le mammouth, ils en oublient peut-être les enjeux globaux que la thématique entraîne.
Vous devez vous identifier pour déposer vos commentaires.
Login & Enregistrement