Kursk Belgique, France, Luxembourg 2018 – 117min.

Critique du film

Un drame claustrophobe

Prescilia Correnti
Critique du film: Prescilia Correnti

Pour son nouveau long-métrage, Thomas Vinterberg a décidé de délaisser fiction, romantisme ou aventure pour se focaliser sur une histoire vraie, celle qui est survenue le 12 août 2000, en pleine mer de Barents. Après La chasse avec Mads Mikkelsen, Loin de la foule déchaînée porté par Matthias Schoenaerts, et La Communauté avec Ulrich Thomsen, Thomas Vinterberg s’entoure des meilleurs aux côtés du compositeur français Alexandre Desplat, Matthias Schoenaerts, Colin Firth et Léa Seydoux.

Pour bien comprendre le film Kursk, il faut comprendre la tragédie du sous-marin nucléaire russe K-141 Koursk. Pour cela, il faut remonter en arrière le 10 août 2000, lorsque le sous-marin, égalant deux fois la taille d’un Boeing 747 et fier étendard de la flotte russe supposé être « insubmersible », appareille pour prendre part à des manoeuvres en mer. Malheureusement, deux explosions issues de la cargaison vont propulser le monstre des mers dans les tréfonds des eaux arctiques de la mer de Barents.

Durant neuf jours, les télévisions médiatiques internationales vont avoir les yeux rivés sur cet évènement, et tandis que les opérations de sauvetage échouent à tour de rôle et que l’aide internationale est écartée, les marins sont livrés à eux-mêmes. Alors que sur les cent dix membres de l’équipage, vingt-trois avaient réussi à survivre, tous finirent par mourir.

Thomas Vinterberg ne fait pas que s’inspirer de cette histoire vraie, mais puise aussi dans l’oeuvre du journaliste Robert Moore, qui a longuement étudié cet évènement. Lequel, a d’ailleurs participé activement à l’élaboration du scénario aux côtés du scénariste du film Robert Rodat, nominé pour l’Oscar du meilleur scénario pour Il faut sauver le soldat Ryan. Finalement Kursk mise avant tout sur un tempo très lent, misé autour de trois points de vue différents : les militaires, les femmes des marins et les diplomates. Une mise scène soignée qui permet d’étaler son histoire sans aucune fioriture, ni apparat.

La présence de plusieurs acteurs internationaux n’est d’ailleurs pas une chose anodine. En mettant en vedette Matthias Schoenaerts, Léa Seydoux et Colin Firth, Thomas Vinterberg ouvre son film à un public international. Tandis que de son côté, Matthias Schoenaerts joue habilement l’officier supérieur qui tente d’imposer force et respect auprès de ses hommes terrorisés par leur mort prochaine, Léa Seydoux campe une femme au bord de la crise de nerfs tout en attisant notre empathie. Colin Firth ne brille que lors de la deuxième partie du film, dans un rôle qui n’est malheureusement pas à l’égal de ses compétences sous les traits du capitaine David Russel.

L’ensemble du film se révèle être souvent monotone et lent, mais réussit à être sublimé durant ses quelques séquences dramatiques au travers de la musique d’Alexandre Desplat, compositeur sur Le discours d’un roi, Réparer les vivants ou encore Danish Girl. Les scènes à bord du sous-marin constituent l’une des plus grandes réussites du long-métrage. Ces séquences aboutissent souvent à des moments chaotiques et d'une claustrophobie angoissante. Hormis quelques brèves scènes d’action durant lesquelles le sous-marin explose, le long-métrage s’enfonce inexorablement durant sa deuxième partie dans les travers de la bureaucratie diplomatique. À partir de ce moment-là, il y a comme un choix qui s’offre à vous. Selon les goûts, Kursk peut soit devenir extrêmement intéressant, emmenant son spectateur aux abords d’un thriller politique, ou alors paraître d’une extrême lenteur et d’une monotonie glaciale et rasoir.

En bref !

Kursk est un film à voir pour son histoire, ses acteurs, son ambiance et sa véracité. Somme toute, la progression dramatique du scénario est d’une grande justesse et parvient à mêler avec une grande finesse la destinée individuelle et une critique incisive du pouvoir russe. Plus intelligent que spectaculaire, le film est un drame poignant et humaniste.

15.05.2019

4

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Commentaires

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vincenzobino

il y a 6 ans

Il faut sauver la patrie
Michail, Leo, Anton sont parmi les 70 membres d'équipage du Koursk, un sous-marin nucléaire russe engagé dans la mer de Barents pour un exercice de tir d'ogives nucléaires. Lorsque la salle des ogives explose et détruit le trois-quarts de l'édifice, les survivants tentent de survivre et sur terre, les secours d'entrer en scène. Mais lorsque l'Etat-Major russe refuse toute polémique et aide étrangère, quitte à froisser les épouses des marins, la mission s'avère délicate.
L'une des plus grosses catastrophes maritimes du XXIème siècle nous est proposée. Coproduction européenne (de l'Espagne à la Roumanie, en passant par la France et la Belgique et un réalisateur danois), l'on prenait le risque de détourner la vérité pour ne surtout pas froisser le grand-frère russe.
Craintes très vite estompées, la guerre cinématographique est bien déclarée et avec elle, une vérité plus que logique s'impose: la guerre froide n'est pas annihilée et ce, quelque soit le prix humain à payer.
Autant vous prévenir si vous seriez pro-russe, vous allez passer un très sale quart-d'heure tant l'incompétence des secours est mise à mal. Et lorsque l'ennemi veut collaborer pour privilégier l'humanité à la politique, le procès intenté au haut-commandement est cinglant et, à mon sens, indéfendable.
Vinterberg sait nous captiver comme peu d'autres: après la chasse et Festen, cette reconstitution sommes toute plus classique au premier abord nous touche et la place accordée aux familles russes est remarquable, la patte de Rodat, auteur d'il faut sauver le soldat Ryan étant passée par là.
Un casting de haut niveau, palmes à Von Sydow et Schoenaerts, une belle musique de Desplat et une ultime séquence révolutionnaire qui prouve que diriger une idée n'est pas du tout synonyme de popularité.
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Dernière modification il y a 6 ans


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