Les bonnes intentions France 2018 – 103min.
Critique du film
Le cœur sur la main
Ayant toujours œuvré dans l’humanitaire, Isabelle (Agnès Jaoui), la cinquantaine, donne des cours de français à des immigrés dans un centre social. Elle se retrouve soudainement en concurrence avec une nouvelle collègue (Claire Sermonne) aux méthodes bien particulières que les élèves semblent apprécier. Pour remédier à cette situation, Isabelle décide de s’associer à un moniteur d’auto-école (Alban Ivanov) pour que ses élèves puissent apprendre le code de la route, le permis étant essentiel pour trouver du travail. Un choix audacieux qui ne plaît pas à tout le monde, à commencer par la famille d’Isabelle qui se sent de plus en plus délaissée.
À mi-chemin entre la comédie et le film social, Les Bonnes Intentions dresse avant tout le portrait d’une femme investie dans le bénévolat. Isabelle fait partie de ces personnes qui vont au bout de leurs engagements au point d’en oublier parfois leurs priorités. C’est justement le cas de cette mère de famille qui passe plus de temps avec ses élèves qu’avec ses propres enfants. Souvent maladroite, voire insupportable, Isabelle ne devient attachante que grâce à l’interprétation d’Agnès Jaoui qui oscille entre force et douceur. Sans la justesse et l’énergie de la comédienne, il est peu probable que le film aurait conservé un intérêt aussi marqué.
Le scénario de Léonore Confino enchaîne en effet une succession de petites scénettes aux retombées dramatiques peu signifiantes, en tout cas lorsqu’on évoque l’aspect social puisque la moindre complication se résout rapidement. La thématique de l’illettrisme laisse alors la place à l’exploration des liens chaotiques unissant Isabelle et sa famille (en particulier ceux avec sa mère, interprétée par la géniale Michèle Moretti). Un sujet traité subtilement qu’il aurait été intéressant de creuser davantage.
Si le manque de tension narrative n’est pas gênant en soi, l’accumulation de personnages stéréotypés et mal écrits pose plus de problèmes (mention spéciale à la nouvelle collègue au passé complètement insensé qui frise le ridicule). Certes, Gilles Legrand et Léonore Confino sont conscients de jouer avec les clichés, notamment lorsqu’ils nous présentent leur bande d’élèves immigrés, mais ils ne parviennent jamais à s’en détacher, plombant ainsi l’humour et le ton du film. Ils ont heureusement pu compter sur un casting de quasi inconnus (à l’exception d’Alban Ivanov) qui délivrent de sympathiques interprétations rendant le film agréable à défaut d’être sensationnel.
En bref !
Sans jamais parvenir à dépasser les clichés avec lesquels il joue, Gilles Legrand s’enlise dans une comédie sociale peu transcendante qui ne vaut le détour que pour l’interprétation d’Agnès Jaoui. Portant véritablement le film sur ses épaules, l’actrice s’investit autant que son personnage pour nous présenter le portrait d’une femme qui se bat corps et âme pour des causes qui lui sont chères.
Votre note
Commentaires
Très bon film et comme presque toujours une interprétation d'Agnès Jaoui absolument parfaite. Dans ce rôle on la croit, elle est sincère. Mais Il y a aussi beaucoup d'humour face a une vraie question que puis-je faire ou ne pas faire pour les aider? A voir ! (G-03.12.18)
« Le goût pour les autres »
Isabelle cherche à aider au mieux les migrants en leur offrant des cours de français. Afin de leur permettre de trouver plus facilement du travail, elle s’associe à un moniteur d’auto-école en bout de course pour qu’ils obtiennent enfin le permis.
Elle rêve de sauver le monde, Isabelle. Bercée d’idéaux humanistes rejetant ses origines bourgeoises, elle puise dans les penderies de ses enfants pour habiller les plus pauvres, s’efforce de corriger toute erreur linguistique de ses élèves étrangers et fantasme au lit sur l’ancien statut de réfugié de son mari bosniaque. L’enfer est ainsi pavé de bonnes intentions ; le mieux et le trop sont les grands ennemis du bien. Et il suffit d’un peu d’ombre pour que la sainte s’étiole et dévoile la « sorcière » qui la hante.
Immigration, intégration, responsabilité, solidarité… Des sujets d’importance et d’actualité. Entre égoïsme et générosité, où se situe la frontière ? « Préférez vous la reconnaissance ou l’amour ? », demande-t-on à l’héroïne, incapable de répondre. Mais la comédie peine à trouver son équilibre. Quelques éclats amusants – un repas de Noël familial devient une joute caritative – se perdent sous une avalanche de clichés tendancieux. Le Rom est un magouilleur, la Bulgare, une allumeuse, et l’Allemande dissimule évidemment un passé nazi… Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?
5.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
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