Cats Royaume-Uni, Etats-Unis 2019 – 110min.
Critique du film
La griffure est douloureuse
Spectacle légendaire à Broadway, Cats passe par la case cinéma par l’intermédiaire de Tom Hooper. Une comédie musicale qui aurait peut-être dû rester au stade du projet ou sur les planches.
Les Jellicle Cats se réunissent pour leur bal, le grand bal orchestré par leur chef: Lady Deuteronome (Judi Dench). Cette dernière à la faculté de pouvoir choisir qui pourra entrer dans la Jellicosphère, synonyme de toute nouvelle vie. Mais qui aura cette chance d’accéder au Graal, à cette renaissance?
Tom Hooper a le charisme pour porter un film à l’élégance folle - The Danish Girl en est la parfaite illustration -, et même pour les comédies musicales à grand succès - « Les Misérables » le prouve. Alors qu’il s’est amusé cette année sur la série « His Dark Material », diffusée sur HBO, le cinéaste à qui nous devons un succès tel que « Les Discours d’un roi », s’attaque une nouvelle fois au registre comédie musicale, après sa réussite avec « Les Misérables ». Mais cette fois-ci, avec une réussite moindre. Cats, légendaire sur les planches de Broadway, est un raté dans les règles de l’art, aussi lancinant que bruyant et dégoulinant de convenance, et perturbant par ses effets spéciaux.
L’arrivée de Victoria (Francesca Hayward), jetée par sa maîtresse, dans l’univers des Jellicle est le point de départ. La suite? Une succession de chats chantant à tue-tête, dansant comme jamais. Cats slalome entre ses protagonistes: il y a le magicien M. Mistoffelees (Laurie Davidson), Grizabella (Jennifer Hudson), Bombalurina (Taylor Swift), Rum Tum Tugger (Jason Derulo), Jennyanydots (Rebel Wilson), Bustopher Jones (James Corden), Gus (Ian McKellen), Macavity (Idris Elba). Une brochette d’acteurs et de chanteurs réunis pour pousser la chansonnette et briller de mille feux dans une histoire aux carences, à la nonchalance agaçante, à la pauvreté scénaristique abyssale. Et même si les chansons tentent de maintenir un enthousiasme respectable, versant parfois dans un lyrisme grégaire, impossible de ne pas sentir ses paupières lourdes plus le temps défile.
La percée au milieu des rues embrumées et malfamées, dépend également de sa version CGI (computer-generated imagery), baveuse et infâme. Un tourbillon de queues frétillantes et de moustaches portés dans d’extravagantes chorégraphies. Hooper veut en faire un spectacle visuel et vocal grandiloquent. En vain. De la fourrure numérique à une mise en scène indigeste, Cats pêche à tous les niveaux. Comédie musicale composée par Andrew Lloyd Webber, mais jamais consulté pour ce film, cette adaptation se vautre dans une innocence et un manque d’audace affligeant. Hooper ne fait que passer en revue ses chats, dénués de grâce et de sensualité - hormis peut-être l’arrivée de Taylor Swift. On ne s’emballe pas un traître moment, on esquisse un sourire poli pour la segment où Rebel Wilson prend la tête du film avec ses orchestres de cafards et de souris, ou pour James Corden dans la peau d’un pacha des nuits félines, sans oublier les venues élégantes d’une Judi Dench parfois divine. Mais tout ça paraît bien maigre pour une production financée à hauteur de 95 millions. On en sort les moustaches bien basses et les yeux rougis par la fatigue.En bref!
Tom Hooper déçoit dans sa partition féline, voulue majestueuse et chantante. Transformer des acteurs aux charismes indéniables pour les faire ressembler à des chats, englués dans une foule d’effets spéciaux, est un beau gaspillage de talent. « Cats », une adaptation ratée au scénario léthargique, dont on sort médusé par ce raté monumental.
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Commentaires
2.5: The buffon’s speech
Totale effervescence auprès des chats Jellicles: la vieille Deuterenomy doit désigner celui ou celle qui aura droit à une nouvelle vie: les candidat(e)s et les coups bas ne manquent pas.
La voici donc cette si attendue adaptation cinématographique du plus célèbre spectacle de Lloyd Weber, du moins avant de voir la bande-annonce puis les premières critiques qui rafraîchirent cette attente initiale. Sans être aussi négatif, je ne peux que les comprendre.
Le premier acte n’est pas loin du désastre (et je m’excuse auprès des personnes n’ayant jamais vu le spectacle): entre le sexe de Deuterenomy modifié, des effets visuels grotesques rendant les pourtant fort bons décors inutiles et les orchestrations et faussetés vocales audibles, on est prêt à quitter la salle, sans compter le massacre de Bustopher Jones, l’un de mes airs favoris.
Heureusement, le début du second acte relève un peu le niveau : avec l’apparition de Grizabella dont on ne peut s’empêcher de penser à la reine Page; avec la géniale séquence de Skimbleshanks et avec l’attente du verdict final et du plus célèbre chant, on pouvait espérer un miracle qui, hélas, ne survient pas.
La vocalise de Bryan Blessed manque effectivement cruellement au chant final et, du coup, confirme la déception : il aurait été tellement plus judicieux de filmer le tout sur un unique décor théâtral pour ressentir les frissons du spectacle, en particulier de l’introduction inoubliable qui ici, tel un bouffon, est bafouée.
À vous de voir, mais si vous avez le souvenir du spectacle, conservez-le...… Voir plus
Aie!!! Et merci de confirmer ma suspicion : Deuterenomy est bien le rôle de Judi Dench, ce qui va faire drôle en pensant au formidable Brian Blessed (vu 2x sur scène). Verdict le 02 janvier ...
Joyeuses fêtes
Dernière modification il y a 4 ans
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