Gloria Mundi France 2019 – 100min.
Critique du film
Misérabilisme et victimisation au menu
Présenté à la Mostra de Venise et reparti avec le prix d’interprétation pour Ariane Ascaride, Gloria Mundi se constitue comme une lente et harassante critique capitaliste comme adore le mettre en scène son auteur: Robert Guédiguian.
À Marseille, Gloria voit le jour, l’enfant prodigue est né. Une famille comblée après l’heureux événement? Pas tout à fait. Il y a en premier lieu Daniel (Gérard Meylan), incarcéré depuis de longues années et prêt à retrouver la Canebière pour rencontrer sa petite fille Gloria, puis Sylvie (Ariane Ascaride) qui partage dorénavant la vie de Richard (Jean-Paul Darroussin), Mathilda (Anaïs Demoustier), heureuse mère de l’enfant à la naissance triomphale et en couple avec Nicolas (Robinson Stévenin), et enfin une demi-sœur, Aurore (Lola Naymark), en couple avec Bruno (Grégoire Leprince-Ringuet). Une famille recomposée que Daniel découvre avec détachement, en passant son temps à composer des haïkus.
Tous ne parlent que d’argent. L’argent est le nerf de la guerre, comme disait l’autre. À trop en parler, à ne parler que de misère, que de grève et même de poisse, Robert Guédiguian ouvre son film avec l’une des plus belles choses de la vie: la naissance, donner la vie, pour enfin déconstruire un moment de joie et foncer de manière totalement ridicule et maladroite dans le misérabilisme et même la victimisation. Tout est agaçant, comme ces haïkus pensés par Daniel qui se juxtaposent sur les contraintes du quotidien, sur une ville de Marseille qui semble s’effondrer dans cette vulgaire et grossière diatribe sur le capitalisme. C’est mal le capitalisme! Et si capitalisme rime avec sentimentalisme, Robert Guédiguian s’en accommode, recoupant les deux aspects pour n’en faire qu’un, pour enfermer son récit dans une intensité boitillante au discours social bancal.
Le plus intéressant - ou plutôt le plus irritant - est le portrait que dessine le cinéaste de ces 2 sœurs: Mathilda et Aurore. Deux âmes faibles et ignorantes, presque érigées comme des femmes objets. Il n’y a que Sylvie qui a les épaules, l’incarnation même de la matriarche assidue, qui fait la morale, qui montre que l’argent se gagne à la force du poignet, que la jeunesse prête à se rebeller n’a pas droit au chapitre. Les jeunes ne pensent qu’à coucher et protester, et les plus vieux triment sans rien dire. Guédiguian semble clairement nous pointer du doigt ce grand fossé de rigueur générationnel.
Guédiguian est bien loin de sa retenue montrée dans Les neiges du Kilimandjaro, loin de sa bienveillance dans La villa. On pourrait même parler de raté dans les règles de l’art. Un script qui fait grincer des dents, qui tente de construire une pseudo dramaturgie, tout en persévérant dans cet élan marxiste maladroit. Un récit moraliste vieillot, résultant d’un cinéaste qui exècre l’avenir et la société actuelle. Et tout ce misérabilisme à l’écran, cette grande parade de la pauvreté ne fait qu’éloigner son spectateur du récit. Une écriture anachronique, sans aspérité et si déplorable.En bref!
Des haïkus tels que «mon cœur est violet comme une iris» ne font qu’alourdir un film balourd dans son écriture. Gloria Mundi est un récit bourré de sentimentalisme et de misérabilisme, mettant en scène des personnages plus insignifiants et bêtes les uns que les autres.
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Commentaires
“Génération désenchantée”
La naissance de la petite Gloria ravit cette famille modeste. Mais faut-il l’annoncer à Daniel, en prison depuis près de 20 ans ? Lui qui est désormais grand-père.
L’accouchement se fait sans douleur et l’enfant rayonne dans une lumière sanctifiée par la musique. On la baptise au champagne pour lui porter bonheur. La gloire du monde repose sur cet être si fragile. Et l’on se dit que son innocence sauvera tous ceux qui ont laissé brûler leur âme.
Mais le réalisateur n’y croit plus. Le soleil de Marseille, ville armée et en chantier, ne brille plus pour ceux qui n’ont pas grand-chose. Tout a changé. Caricaturale à souhait, la nouvelle génération, cramée par l’ambition, l’égoïsme et l’irrespect est déjà condamnée. Que les flammes de leurs vapoteuses les emportent ! Demeure la douceur de ses fidèles – Ascaride, Darroussin, Meylan – qui auraient dû se contenter d’un ménage à trois. Mais sous le poids de la tragédie, ils ne s’en sortiront pas non plus. Aigri, Robert Guédiguian se désespère et nous avec. Sic transit gloria mundi.
4.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 4 ans
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