Matthias & Maxime Canada, France 2019 – 119min.
Critique du film
Bromance et gay panic
Après un film français et un film américain globalement moins bien accueillis que le reste de sa filmographie, Xavier Dolan retourne dans sa terre de Québec pour son nouveau long-métrage Matthias & Maxime. Un retour aux sources, aussi bien géographiques qu’esthétiques, pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Suite à ce baiser, en apparence anodin, un doute récurrent s’installe, et confronte les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l'équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.
À bien des égards, Matthias et Maxime de Xavier Dolan ressemble énormément à ce que l’on appelle communément l’œuvre de la maturité pour son auteur. Une expression déjà superficielle et galvaudée aujourd’hui à l’extrême, mais qui résonne un peu avec cette nouvelle proposition cinématographique. Metteur en scène habituellement au style tendu et flamboyant et aux récits vulnérables et crispés, il surprend ici dès son introduction en livrant de nombreuses séquences beaucoup plus apaisées que ce qu’on lui connaissait - sans pour autant que les angoisses et les tourments n’aient disparus.
En réalité, les tensions qui agitent Xavier Dolan sont toujours bien présentes et bien vives - Matthias et Maxime a même des allures de best-of des thèmes «dolaniens» -, mais elles sont abordées avec une distance réflexive inhabituelle et surtout rafraîchissante pour un metteur en scène d’habitude très à fleur de peau. En tout cas pendant la saisissante première demi-heure, et lors d’une scène de fête dans le troisième quart du film.
Ces séquences, entièrement dédiées à l’amitié masculine, sont ce qu’il est arrivé de mieux dans la carrière de Xavier Dolan. Son talent de dialoguiste et de directeur d’acteurs n’a jamais été remis en question, mais il se déploie ici plus majestueusement encore qu’auparavant. Les échanges colorés font mouche, à chaque fois, et établissent un touchant rapport de proximité entre le spectateur et la bande de potes.
Mais chassez le naturel, il revient au galop. Passé l’excellent premier acte, Xavier Dolan éclate son groupe d’amis pour se concentrer sur Matthias d’un côté et Maxime de l’autre. Immédiatement le film faiblit (surtout dans son rythme) et le réalisateur retombe sèchement dans ses travers mièvres, et y ajoute même quelques réflexions un peu foireuses. Bien sûr qu’il y aura encore un rapport mère/fils compliqué. Bien sûr qu’il y aura une scène d’engueulade. Et bien sûr qu’il y aura des effets de style alambiqués.
Une fois la narration éclatée, elle perd le fil, et n’a plus grand-chose de bien intéressant ou neuf à raconter. Le problème, c’est que l’on aurait pu se contenter d’un ennui poli et confortable si le Matthias, du titre, n’était pas écrit avec un amoncellement de clichés aussi rebutants. Impossible de croire plus de deux minutes à ce personnage d’hétéro incapable de réagir autrement que par la violence et la dépression à la découverte paniquée de ses attirances homosexuelles. Un reliquat d’une vieille époque fantasmant sur la panique gay infligé en boucle au spectateur pendant les deux tiers du film, alors que la cible était complètement ailleurs.En bref!
Après un début (très) enthousiasmant, Matthias et Maxime rate magistralement sa cible et ne sait pas quoi faire de Matthias... si ce n’est en faire un chameau agaçant.
Votre note
Commentaires
“La confusion des sentiments”
Après avoir perdu un pari, Matt doit embrasser son ami d’enfance Max pour les besoins d’un film amateur. Un baiser qui pourrait tout changer.
Pour nous présenter sa bande de potes, Xavier Dolan nous entraîne dans un tourbillon de plans brefs d’où éclate un sabir anglo-québécois aussi enivrant que soûlant. Les sous-titres français sont d’ailleurs de rigueur. Sous l’ombre maternelle, la joyeuse bande mélange shots, lignes, cigarettes et pipe à eau, tout en s’adonnant au Time’s Up! Enfants joueurs, adolescents chahuteurs ou jeunes adultes aux responsabilités nouvelles, on ne sait plus. Et quand le cœur a ses raisons que la raison ignore, c’est le doute et la crainte qui étreignent ceux qui se connaissent depuis toujours. La tache de vin devient des larmes de sang et la caméra se pose enfin pour leur laisser le temps de s’aimer.
6.5/10… Voir plus
Dernière modification il y a 4 ans
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Maxime est sur le point de quitter son Quebec natal pour l’Australie et de laisser la tutelle de sa mère, alcoolique et fumeuse notoire. Au cours d’un week-end chez son meilleur ami Matthias et après un court-métrage tourné par la sœur de ce dernier, une sorte de relation semble se dessiner entre les deux hommes. Mais Matthias appelé à reprendre l’étude de son père et attendant un important client ne semble pas prêt à franchir le pas du sentiment sincère.
Le voici donc ce nouvel opus du réalisateur québécois qui nous avait bouleversé avec Mommy, mais peinait derrière à confirmer. En traitant de l’attirance pour son propre sexe, il franchissait un nouveau pas. Obstacle presque réussi.
Le premier quart-d’heure, si comme moi vous le voyez après une journée de travail, vous semblera long, étant donné qu’aucune présentation officielle n’est formulée. Il faut attendre une magnifique séquence aquatique pour entrer dans le rêve illuminé de Dolan, même si ici, c’est bien le retour à la réalité qui est le mieux traité.
Alors que l’on pouvait se diriger vers une attirance secrète cachée, Dolan commence par un assez bon procès de l’individualisme numérique en confrontant notamment les deux mondes de Maxime et sa mère d’une part, mais surtout en illustrant cette solitude par des séquences sonores remarquables sur l’extinction de la collectivité. Puis il revient au thème initialement suggéré par une très belle et pudique séquence... et un avortement relationnel évocateur. Il finit par une très belle prise de conscience illustrée par un magnifique plan final.
Le temps peut éventuellement paraître long mais autant les personnages semblent banals, autant leurs attitudes et sentiments sont remarquablement traités et la musicalité trouve à nouveau sa place.
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