Deux moi France 2019 – 110min.
Critique du film
Un conte urbain sur les âmes esseulées
Cédric Klapisch, cinéaste reconnu pour son succès L'Auberge espagnole, et après Ce qui nous lie en 2017, retrouve le chemin des plateaux pour nous conter deux destins, ceux de Rémy et Mélanie, dans un conte urbain sur les âmes esseulées. Prévisible, et dégoulinant de clichés.
La trentaine bien frappée, Rémy (François Civil) et Mélanie (Ana Girardot) sont voisins, dans le même quartier parisien, sans se croiser, sans se parler. Les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pour elle, la solitude écrasante pour lui. L’une dort trop, l’autre est insomniaque. Paris, fossoyeur des âmes esseulées ne se fait pas prier pour martyriser deux êtres en décalage. Deux individus aux parcours différents, mais aux chemins identiques. Direction une histoire d’amour?
Un conte urbain où Cédric Klapisch parle du fossé toujours plus grand, se formant autour des habitants des mégalopoles. Paris pour décor principal, pour lieu de renaissance ou de descente aux enfers. Le premier, Rémy, est comme en dépression, fatigué par le rythme, détruit par un Paris oppressant. Mais derrière se cache quelque chose, une faille béante. Lui, avec toute sa bonne volonté, tente de remettre de l’ordre dans sa vie, se lance dans le grand bain des réseaux sociaux. Mélanie, plus connectée, se laisse convaincre par ses amies et se décide à activer la piste des rencontres virtuelles sur les applications. Elle sort d’une rupture douloureuse, il faut bien exorciser les déceptions. Elle aussi respire la dépression.
Rémy et Mélanie, c’est deux portraits différents, deux vies diamétralement opposées. Klapisch les fait se croiser, se toucher, se regarder, mais sans se rencontrer. Les deux individus trouvent refuge dans la tristesse et oublient d'être heureux. Pourtant, «Vous avez le droit d’être heureux, Rémy» lui glisse son psy, joué par François Berléand. Jeune homme plein de vie, mais marqué par un événement qu’il garde enfoui, au plus profond de son être. Faire son deuil, voilà ce que Klapisch souhaite évoquer à travers ses deux personnages. Un sujet qui aurait pu s’avérer intéressant, mais le traitement est vain, aussi superficiel que sont les réseaux sociaux. Une foule de clichés, entre la psy et les rencontres bidons sur Tinder. Cédric Klapisch fait preuve de lourdeur dans sa mise en scène, tout sonne maladroitement dans un métrage qui recherche à cerner l’isolement, l’insécurité. «Souris à la vie et la vie te sourira», nous serine Klapisch. Cette petite phrase toute faite rappelle la simplicité navrante de Deux Moi, un film aussi superficiel que scolaire, sans la moindre once d’efficacité.En bref!
François Civil et Ana Girardot ont beau se débattre, en vain. Deux Moi se lit rapidement, coupable d’une multitude de clichés, coupable d’une prévisibilité ennuyeuse.
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Commentaires
“Chacun cherche son chaton”
A Paris, Rémy et Mélanie s’enfoncent dans la déprime. Voisins, ils se croisent, se suivent et se frôlent sans jamais se voir. A quand la rencontre ?
Dans l’anonymat des grandes villes, chacun cherche le chat qui adoucira son mal-être par quelques poils d’affection et de douceur. On zieute et zappe les profils offerts en pâture sur les applications, les réseaux sociaux. Les relations ne durent pas plus qu’un kleenex. Le travail se déshumanise. Quant à la famille, elle ne sait faire que semblant. Pas de quoi donner confiance aux personnages laissés entre les mains de psys antagonistes et d’un épicier entremetteur. Devant leur fenêtre trône le Sacré-Cœur, cœur sacré si loin, si proche.
Klapisch troque le collectif générationnel synonyme de son succès contre la solitude qui érode nos sociétés hyperconnectées, au risque d’enfoncer des portes grandes ouvertes : cessez de culpabiliser ! Vous êtes en droit d’exister, d’être vous-même et de vous aimer ! Il faut deux moi pour faire un nous ! Des lapalissades peut-être rassurantes mais qui ne font pas un film. Malgré la sympathie dégagée par le couple d’acteurs et quelques mots d’humour bien placés, ces longues arabesques mélancoliques ne séduisent pas toujours et résonnent parfois comme du remplissage – les scènes rêvées sont complètement ratées. D’autant plus que cette histoire de voisin-voisine qui se cherchent rappelle furieusement Medianeras de Gustavo Taretto, film argentin tout en nuances et en poésie.
6/10… Voir plus
Dernière modification il y a 5 ans
Ce nouveau film de Klapisch est vraiment très bien. Le scénario montre la solitude et la fragilité des rencontres faites sur les réseaux sociaux. Ces deux jeunes se croisant sans cesse jusqu'au moment où ! Mais ce moment reste la dernière image du film et l'ensemble dure quand même 110 minutes. A part ça Civil et Girardot sont magnifiques. Un très beau film. (G-16.09.19)… Voir plus
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