Retour à Zombieland Etats-Unis 2019 – 99min.
Critique du film
Au bazar du zomblard
Sortie il y a 10 ans, Zombieland était une comédie de zombie aussi sympathique que basse du front. Populaire, plutôt réussie et se suffisant à elle-même, l’œuvre n’appelait pas vraiment à une suite. Pourtant, 10 ans plus tard, sans que personne ne l’ait vraiment réclamé, nous voici de Retour à Zombieland, un objet cinématographique assez bizarre, dans le bon comme dans le mauvais sens du terme.
Le chaos règne partout dans le pays, depuis la Maison Blanche jusqu’aux petites villes les plus reculées. Nos quatre tueurs doivent désormais affronter de nouvelles races de zombies qui ont évolué en dix ans et une poignée de rescapés humains. Mais ce sont les conflits propres à cette «famille» improvisée qui restent les plus difficiles à gérer…
Dès la séquence générique, Retour à Zombieland donne à voir à la fois tout son programme, tout ce qui fera sa force et tout ce qui le freinera. Tallahassee, Columbus, Wichita et Little Rock décident de s’installer à la Maison Blanche mais doivent d’abord la nettoyer des zombies qui l’infestent. Chacun dégaine son arme, Tallahassee fonce dans le tas: Retour à Zombieland s’élance dans un massacre qu’il veut sur-jouissif, s’appuyant sur un décapant «Master of Puppets» de Metallica (écho à l’emploi de «For Whom the Bell Tolls» dans le premier). Mais tandis que les enceintes vocifèrent, l’écran consterne en ne donnant à voir qu’une enfilade de ralentis patauds, totalement en contradiction avec une musique metal sèche et ultra-découpée.
Le constat est flagrant et peut s’appliquer à tout le film: plutôt que de se montrer fin et véloce, Retour à Zombieland s’appuiera sur des grimaces et de la lourdeur. En cela, le film est quelque part aussi putréfié que ses zombies. Cette suite tardive a l’air d’avoir été faite il y a 10 ans, et ses ressorts humoristiques sentent méchamment le renfermé, particulièrement quand elle se fout ouvertement d’une société simili-hippie qui se rêve sans arme à feu pour se protéger, et exploite l’imagerie d’une cité retranchée derrière de hauts murs qui l’abritent d’une horde de cannibales. Un imaginaire beaucoup moins inoffensif dans l’Amérique de Donald Trump, et qui demande une grande intelligence et beaucoup de précautions pour être exploité sans se planter violemment.
Ou une totale inconscience. Ce qui expliquerait l’impression de capharnaüm gigantesque que provoque Retour à Zombieland. Ce qui rend le film profondément bizarre, c’est que, malgré ses défauts flagrants - découpage fainéant et peu rigoureux, photographie franchement palotte, humour de cour de récré -, le film est une avalanche de gags, qui, à force de faire feu de tout bois (humour meta, gags visuels, punchlines, vannes sexuelles, salaceries gores...), finissent par prendre! À l’arrivée, on se surprend à rire assez régulièrement (et de bon cœur!) et à apprécier l’aventure, surtout en compagnie d’un casting général qui s’en donne à cœur joie, et au très surprenant personnage de Madison (incarné par Zoey Deutch). À croire que l’on s’est fait zombifier le cerveau par Ruben Fleischer.En bref!
Régressif et primaire, au-delà de la limite du supportable et proche du dérapage total, Retour à Zombieland est pourtant tellement pléthorique et bien porté par ses comédiens que la sauce prend. Un peu.
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