Dreams Danemark 2020 – 78min.
Critique du film
De l’importance d’être rêveur
Il n’est pas très connu Kim Hagen Jensen, le danois derrière Dreams: outre sa participation à la production de Jungle Jack, film animé sorti en 2006, ou son rôle dans Disco ormene, film d’animation datant de 2007, on ne lui connait pas vraiment de faits d’armes. Dans ses conditions, l’arrivée en salles du premier film (d’animation toujours) dont il signe la réalisation, Dreams, avait de quoi intriguer, surtout qu’il s’agit de basculer de l’autre côté du miroir... enfin au pays des rêves.
Emma est une jeune fille rêveuse et naïve qui vit à la campagne avec son père et son cochon-dinde, Coco. Une nuit, alors que la nouvelle compagne de son père vient d’emménager dans leur maison avec sa fille – une jeune pestouille accro aux likes, aux réseaux sociaux et à ses followers -, Emma découvre un monde merveilleux qui se cache derrière les rêves. Un monde où tout est possible. Vraiment tout. Aller visiter les rêves d'autrui, jouer avec les scénarios de ses derniers... et même influencer le futur. Avec cette découverte, une vie extraordinaire s’offre à elle. Enfin, jusqu’au moment où les choses lui échappent, où son plan revanchard prend un grave tournant... et où il lui faut arranger ses erreurs.
Couleurs acidulées, design des corps aux faux airs de pâte à modeler, Kim Hagen Jensen et les studios derrière Dreams ne cachent jamais leur envie d’inscrire leur nom dans l’histoire de l’animation en en reprenant ses codes. Malheureusement, de l’écriture des personnages à la structure de l’intrigue, en passant par les choix esthétiques de l’ensemble, rien n’apporte vraiment grand-chose au genre et à son médium. Et finalement, à l’écran, les décisions qui ont été prises semble plus généralement relever de la citation scolaire d’un cahier des charges suranné que de la mise en place d’une vraie bonne idée.
Mais là où Dreams marque des points, c’est bien dans sa capacité à prendre à bras le corps le domaine de l’imagination, et surtout de la puissance de l’imagination créatrice. D'aucun verront facilement le lien entre Dreams et Inside Out, ou entre Dreams et Alice au Pays des Merveilles, en ce que ces trois films tentent d’entrer dans les méandres des mécanismes psychologiques et psychiques humains, et ils auront raison. Mais si Inside Out jouit d’une équipe rompue à l’exercice de l’animation (Pixar Animation Studios), et Alice au pays des Merveilles de la concordance de deux grands noms (Lewis Caroll et Walt Disney), à bien y réfléchir, les quelques défauts de Dreams réussissent plus ou moins à se faire oublier et à ne pas trop entacher le propos.
En fantasmant la mécanique du rêve, en la transformant en un monde imaginaire où des créatures mi-extraterrestres, mi-petits bonshommes sont les architectes de nos nuits, c’est finalement un discours d’une rare densité que l’équipe de production a tenté de mettre en place. Un discours qui n’oublie pas de mêler les souvenirs aux rêves et surtout, qui utilise la capacité qu’ont certains rêves d'hanter leur rêveur des jours durant à des fins initiatiques, faisant apprendre à ses protagonistes l’importance de l’altruisme et de la bienveillance. Mais surtout la nécessité de la volonté et de la persévérance.
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