I Care a Lot Royaume-Uni 2020 – 118min.

Critique du film

Rosamund Pike, cette garce merveilleuse

Emma Raposo
Critique du film: Emma Raposo

Elle avait remporté pléthore de récompenses pour son rôle de monstrueuse «bitch» dans le film de David Fincher, Gone Girl en 2014. Sous les ordres de J Blakeson, la Britannique Rosamund Pike se glisse à nouveau dans la peau d’une parfaite garce qu’on adore détester, rôle pour lequel elle a remporté un Golden Globe en mars dernier.

«Il y a deux types de personnes dans ce monde : les prédateurs et les proies», ainsi parle Marla Grayson (Rosamund Pike), arnaqueuse de premier ordre, pour qui la gentillesse n’est qu’une vaine qualité qui n’a jamais payé. Le carré blond coupé avec une précision chirurgicale, le tailleur ajusté au millimètre et les lèvres rouge sang, Marla est une businesswoman redoutable. Avec son indéboulonnable cigarette électronique au bec, cette dernière a trouvé un juteux commerce : les vieux. Quoique complètement immorale, la technique est pourtant légale. Profitant d’un vide juridique, Marla, en sa qualité de tutrice professionnelle, s’occupe de dizaines de personnes âgées jugées inaptes à prendre soin d’elles-mêmes par le tribunal.

Une fois sous son joug, les malheureuses et malheureux sont envoyés illico presto en maison de retraite, bourrés d’anxiolytiques et dépouillés de tous leurs biens. Maisons, voitures et autres comptes bancaires, tout y passe. La technique est bien rodée. Secondée par son associée et amante (Eiza Gonzalez), Marla fait marcher sa petite affaire au pas jusqu’au jour où elle jette son dévolu sur la mauvaise proie (Dianne Wiest). Sur le papier, la retraitée a toutes les qualités : riche, sans hériter ni famille, bref, une «cerise» comme on dit le jargon. Mais voilà, la tutrice sadique n’avait pas prévu que cette gentille petite mamie serait le début d’une longue série de problèmes qui l’amèneraient à côtoyer la pègre russe et un de ses barons, Roman Lunyov (Peter Dinklage).

On ne va pas passer par quatre chemins, Rosamund Pike est LA garce par excellence. Son rôle dans Gone girl l’avait définitivement érigée en psychopathe prodigieuse qu’on aurait voulu voir s’étrangler avec le cordon de son sèche-cheveux. Cette fois, et dans un autre style, l’actrice anglaise remet l’ouvrage sur le métier en enfilant l’habit d’une immonde manipulatrice sournoise et prête à tout. Avec l’attirail complet de la femme de pouvoir, frigide, dominatrice en talons hauts, perverse et ambitieuse, traçant dans un décor aux couleurs saturées, son personnage de Marla Grayson inspire autant de dégoût que d’agacement. Mais comment cette femme peut-elle avoir aussi peu de scrupules ? C’est justement là que le bât blesse.

Imaginer un personnage complexe, c'est bien, l’écrire un peu plus qu’en surface c’est mieux. Aussi délicieusement infâme que soit le personnage pensé par J Blakeson, et aussi efficace que soit la performance de Rosamund Pike, on ne sait absolument rien de cette femme, de son passé, et de ce qui l’a rendue aussi détestable qu’impitoyable. Un personnage féminin sous-écrit et trop caricatural, dont la complexité aurait dû être largement plus creusée histoire de donner du corps au métrage qui, dans sa seconde partie, s’enterre dans un genre de film d’action bien moins attrayant qu’une première partie comico-dramatique séduisante.

Face à Rosamund Pike, Peter Dinklage tient le flambeau d’un caïd peu conventionnel, pied de nez à l’archétype usuel du baron de la mafia tel qu’on peut se le représenter. J Blakeson se joue des stéréotypes masculins et c’est tant mieux. L’aurait-il fait avec les féminins et la boucle aurait été bouclée. Si celui qui s’était déjà fait l’auteur et réalisateur de La Disparition d’Alice Creed en 2009 ne parvient pas à donner une véritable profondeur à son personnage principal, il offre malgré tout un divertissement solide saupoudré d’un peu d’ironie…

11.05.2021

3.5

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Commentaires

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commundmortels

il y a 3 ans

Franchement dommage. Sur un bon pitch de base, le scénario s'enlise dans l'invraisemblable (2 miss qui pilotent une agence fructueuse se trouvent soudain en possession de matériel et de compétences dignes d'une agence d'Etat) et la fin bâclée. Un dernier soubresaut, histoire que la morale soit sauve et hop, le tour est joué... mais ça prend pas.
Et Tyrion dans ce rôle mal défini peine à convaincre aussi.
Bref, un moment sympa pour un soir de téloche quand il fait moche, mais pas pour renouer avec le cinéma après ces temps de disette.Voir plus


Eric2017

il y a 3 ans

Enfin une très bonne sortie de film pour la reprise et à mon goût! Un très bon thriller même si la fin est presque prévisible, je ne me suis pas ennuyé un instant. En plus une très bonne interprétation de Rosamund Pike et de Peter Dinklage. (F-13.05.21)

Dernière modification il y a 3 ans


CineFiliK

il y a 3 ans

“Gone girl”

Avec l’aide de complices placés, Marla Grayson cible les personnes âgées fortunées et s’arrange pour en devenir la tutrice. L’occasion de vendre leurs biens et de se servir dans leurs porte-monnaie garnis. Mais Jennifer Peterson, qu’elle vient de faire interner, n’est pas la mamie esseulée que l’on pourrait croire.

Le fair-play n’est qu’une blague inventée par les riches pour que les autres restent pauvres. Dans la vie, il y a ceux qui prennent et ceux qui se font prendre. Les prédateurs et les proies. De quel côté vous trouvez-vous ? Maria sait qu’elle est une « putain » de lionne. Ses agneaux sont des pigeons couvant un nid de billets verts et qu’elle plume sans aucun scrupule.

Dans ce rôle de mante non religieuse, on retrouve avec grand plaisir Rosamund Pike, « gone girl » au carré parfait et à l’amoralité assumée. Plus stratège que Tyrion Lannister, la blonde mène un jeu de dupes et de dames dans lequel le pouvoir au féminin est à l’honneur. Voleuses, victimes et tueuses mettent en échec les rois. Pourtant, l’on a bien du mal à pardonner la vénalité de l’héroïne dont le seul rêve américain est d’amasser le plus de dollars possible sur les dos usés. Une cupidité que le film n’ose pas assumer et qu’il choisit de punir au final sans pour autant nous satisfaire.

(6/10)Voir plus

Dernière modification il y a 3 ans


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