L'Esprit de famille France 2019 – 90min.
Critique du film
Un père disparu mais envahissant
Perdre son père de manière abrupte, alors qu’on lui dit de disparaitre juste avant qu’il s’en aille. L’esprit de famille d’Éric Besnard (Le goût des merveilles) traverse le deuil au prix d’un récit un peu trop sage.
Alexandre (Guillaume de Tonquédec) est considéré comme un égoïste, d’un nombrilisme qui fait même fuir sa propre femme. Écrivain narcissique qui ne s’intéresse même pas à sa propre famille, il se prend le bec jusqu’au dernier soupir du paternel. Passé de vie à trépas, Jacques (François Berléand) continue à «hanter» son fils, toujours là à râler et exposer sa science. L’esprit du père suit Alexandre mais pas les autres membres de la famille. Marguerite (Josiane Balasko), la mère, et le frère, Vincent (Jeremy Lopez), ne le voient pas.
«Ce n’est pas un film de fantômes, mais un film sur les symptômes de la persistance de la présence des êtres aimés disparus» explique Éric Besnard. L’idée lui est venu après la perte de son père. Un film emprunt de douceur, mêlant sensibilité et humour. Guillaume de Tonquedec, interprétant cet écrivain égoïste à souhait, est face à une intrigante épreuve que la vie lui propose: une équation de l’au-delà pour un peu de ménage affectif. Le retour du défunt père soulève le dilemme de l’absence, d’un homme - Jacques - plus souvent absent que présent. Photographe réputé, mais père de famille exécrable. Alexandre, devenu lui-même le double de son père, emprunte le même chemin: être absent pour son fils, Max.
Besnard ouvre une brèche intéressante, en intégrant l’esprit du père décédé pour remodeler un passé douloureux. Idée intéressante, mais exécution timide. Plutôt opter pour le récit mélancolique ou celui d’alléger le sujet du deuil ? Éric Besnard décide de teinter son film de légèreté, passant à côté de la sève de son récit: exorciser une relation père-fils compliquée. Et c’est bien dommage car le récit devient bien trop sécure, trop balisé. L’impact émotionnel est moindre, alors que L’esprit de famille exhale une brise délicieusement mélancolique, mais qu’en filigrane, qu’un simple «pschitt!» en résumé. La blessure paternelle ne cicatrise qu’à moitié, et Guillaume de Tonquédec, figure principale, n’arrive jamais à véritablement supporter le récit sur ses épaules, manquant cruellement d’intensité émotionnelle. Son duo avec François Berléand, parfois attendrissant, n’élève pas l’histoire au rang de film incontournable. En bref!
Bien que l’histoire évoque un sujet attendrissant, le film peine à trouver son véritable équilibre: entre comédie ou drame, le cœur de Besnard balance. Il peine à convaincre, surfant un coup sur le mélo, avant de revenir à la légèreté d’une comédie bien trop lissée. Doublement dommage.
Votre note
Commentaires
J'ai adoré ce film ! Tous les acteurs et actrices sont parfaits. J'ai ri, j'ai versé quelques larmes. il y a de la mélancolie, de l'humour et surtout ça m'a rappelé que si l'on aime c'est aujourd'hui qu'il faut le dire, car demain c'est peut-être trop tard. (G-08.02.20)
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