La Pièce rapportée France 2020 – 86min.

Critique du film

Du comique suranné et empâté

Sven Papaux
Critique du film: Sven Papaux

Laissé dans les cartons depuis presque une année, le film vaudeville orchestré par Antonin Peretjatko (La loi de la jungle) sort enfin, dans une digne lignée du comique d’antan. Une voix-off et un casting bien fourni, traçant les suspicions d’une mère envahissante concernant sa belle-fille.

Paul Château-Tétard (Philippe Katerine), vieux garçon de 45 ans et pur produit du 16ème arrondissement de Paris, prend le métro pour la première fois de sa vie. Dans son périple, il tombe amoureux d’une jeune guichetière, Ava (Anaïs Demoustier), et décide de se marier avec. Mais la mère de Paul, Adelaïde Chateau-Tétard, surnommée « Reine Mère », ne voit pas d’un bon œil cette union. Or, il faut un héritier et Ava se trouve être une alternative. Et bébé tarde à venir, si bien que les 2 femmes se lancent une guerre sans pitié.

L’adaptation d’une nouvelle très courte (8 pages) de Noëlle Renaude, nous renvoie à la case vaudeville. Le spectre du « Dindon » de Jalil Lespert encore frais, Antonin Peretjatko reprend le genre et nous révèle, à l’image de la définition du vaudeville, une comédie légère et tout juste divertissante. La grande bourgeoisie dans son apparat le plus cliché, basculant de rebondissements éculés à une direction (très) théâtrale. Le film joue sur l’outrance, de cette déconnexion des hyper-riches face à la pauvreté - la rencontre entre Paul et Ava appuie cette dimension, tout comme cette traversée, en Rolls, d’un bidonville.

Si vous cherchez à vous attacher aux personnages, il vous sera difficile de le faire. Il est plutôt question d’un branle-bas de combat entre une mère et sa belle-fille. Pour la seconde, cela va tourner à une belle partie de manivelle. C’est surtout sa lassitude qui prendra le dessus, fatiguée d’être au milieu de 2 personnes immatures: un mari plus intéressé par son jeu sur téléphone mobile et une mère névrosée. Ava optera même pour l’adultère. Le duo d’actrices (Anaïs Demoustier et Josiane Balasko) éclipse Philippe Katerine de la lumière, laissant l’affrontement devenir le facteur central. Demoustier, naïve, deviendra calculatrice et perfide sous l’emprise de Josiane Balasko, dans l’outrance totale. Une belle alchimie entre elles.

Outre son casting, les flashbacks et flashforwards se couplent à cette voix-off pour accoucher d’une comédie timidement grinçante. Du vaudeville politisé - le mépris des classes -, empruntant l’absurde pour jeter de l’huile sur le feu. À la fin, une comédie forçant le grotesque et la désinvolture. Le trait se noircit plus l’effet de la bourgeoisie opère sur Ava. Comprenez par-là, derrière les petites subtilités de faire imploser l’ordre établi, Peretjatko met en exergue un personnage perverti et intégrant les us et coutumes (pourris) d’une famille oublieuse des souffrances d’autrui.

02.12.2021

3

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Commentaires

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Eric2017

il y a 2 ans

Un film décalé qui m'a fait pensé à Amélie Poulain. Beaucoup de clins d'oeil et une Josiane Balasko en marâtre parfaite, ainsi que Desmoutiers toujours aussi légère et volage mais parfaite. Quant à Philippe Katerine son rôle débute sur les chapeaux de roue pour s'étioler petit à petit, c'est juste un regret. Beaucoup de fantaisie de ce film que j'ai vraiment beaucoup aimé. (G-09.12.21)Voir plus


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