T'as pécho? France 2020 – 98min.
Critique du film
Une poignée d’ados apprennent l’art de la drague
Dans les vestiaires d’une piscine municipale, quatre ados losers apprennent les rudiments du «péchotage» grâce à une camarade pas beaucoup plus expérimentée. Écrite et réalisée par Adeline Picault, cette comédie, souvent comparée à la série «Sex Education», n’arrive malheureusement pas à la cheville du programme Netflix.
Arthur (Paul Kircher) en pince pour Ouassima (Inès d’Assomption), sa camarde de classe. Mais l’intérêt n’est pas réciproque et la jeune fille n’a d’yeux que pour Matt, le beau gosse du collège. Pour se rapprocher de l’élue de son cœur, Arthur est pris d’une idée lumineuse: convaincre Ouassima de lui donner, à lui et à ses losers de potes, des cours de «péchotage», ou en d’autres termes, des cours de drague pour les nuls. En échange de 10 euros par séance, Ouassima se laisse tenter par le concept et investit les vestiaires de la piscine du quartier, où son père (Ramzy Bedia) officie en tant que maître-nageur. Entre les casiers et les douches austères, les conseils et autres secrets de drague approximatifs fusent. Tout un programme…
Souvent imitée, rarement égalée. N’est pas du même acabit que «Sex Education» qui veut. Si la série Netflix a été encensée par la critique et plébiscitée par le public, le film, lui, ne va clairement pas remporter la même adhésion. De vaguement similaire, il n’y a que l’idée de base: une collégienne qui se fait payer pour prodiguer ses conseils. Dans les faits, T’as pécho? est loin d’atteindre le niveau de son homologue sériel. Si la série a rassemblé un large public, c’est bien parce qu’identité de genres, homosexualité ou plus largement sexualité sont autant de thèmes traités de manière hyper frontale, mais sur un ton décalé et foncièrement hilarant. Pour faire court, la série propose tout ce qu’Adeline Picault manque d’offrir dans T’as Pécho?: une écriture aboutie.
Si on reconnaît à l’autrice et réalisatrice française un regard tendre porté sur la période adolescente qui se ressent dans l’écriture des personnages, force est de constater que le film, lui, nage dans une marre de bons sentiments, où le thème intarissable de l’amour, pierre angulaire du récit, ne consiste qu’à voir une bande de gamins se tourner autour en se bécotant, manquant de rendre le métrage convaincant. Un film pour ados oui, mais pourrait-on élever le niveau et aborder franchement les thématiques tout juste effleurées telles que l’abandon ou encore la négation d’une appartenance à une culture, ce qui aurait eu le mérite d’apporter tellement plus de profondeur à l’histoire, aussi adolescente soit-elle.
Des thèmes trop peu explorés et des personnages trop gentillets et édulcorés pour susciter une quelconque identification, Arthur, Ouassima et les autres sont mignons mais sans relief, ni épaisseur. Quant aux personnages secondaires, parmi lesquels on retrouve Ramzy Bedia et Vincent Macaigne, ils ne font guère mieux, souffrant à nouveau d’une sous-écriture et n’apportant rien au récit. T’as pécho? se fond dans la quantité déjà ahurissante de films pour jeunes, sans tirer son épingle du jeu. Une énième comédie pour ados un peu niaise, qui cible un public de très jeunes adolescents exclusivement, les plus âgés d’entre eux n’y trouveront vraiment pas leur compte.
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