Tout nous sourit France 2020 – 101min.
Critique du film
Portrait bourgeois d’une famille normale
Deuxième long-métrage de la réalisatrice Mélissa Drigeard après Jamais le premier soir (avec Alexandra Lamy), Tout nous sourit est reparti de la 23e édition du festival de l’Alpe d’Huez avec trois prix, les deux d’interprétation pour les premiers rôles portés par Elsa Zylberstein et Stephan de Groodt, et celui du jury. Alors qu’en est-il de cette nouvelle comédie dramatique française, énième du genre pour l’hexagone?
Que se passe-t-il quand le vernis déposé par les années craques et laisse apparaître dans ses fêlures les nons-dits, les incompréhensions et l’ennui quotidien? La réponse de Mélissa Drigeard est plutôt comique puisqu’elle place ces deux personnages dans la pire des situations: bloqués dans leur maison de campagne avec leurs amants respectifs… leurs parents et leurs enfants, obligés de faire bonne figure et de plonger dans leurs problèmes matrimoniaux.
Qu’on se le dise, Tout nous sourit n’est pas un mauvais film. Ce n’est du moins pas l’un des pires films de l’année. Pourtant, et c’est peut-être pire, il fait partie de ces films qui se laisse oublier aussitôt terminés. Le souvenir d’un personnage, d’une scène, d’un plan ou d’une musique viendra-t-il se rappeler à vous après son visionnage ? Malheureusement, la réponse sera probablement négative. Certes le mauvais jeu d’acteurs, qui prouve encore une fois que les réalisateurs français pêchent dans la direction de casting, s’imprimera peut-être un temps sur la rétine des spectateurs. Certes le poème scabreux clôturant le métrage tire certainement de la banalité la plus totale les quelque 90 minutes du film. Certes, en de rares moments les partitions des acteurs sortent de la médiocrité la plus totale.
Il n’en reste pas moins que demeure une impression de mal fait à la fin du film. Autant les acteurs semblent être en roue libre, autant il n’avait pas grand-chose à quoi se raccrocher pour étoffer leur rôle et donner de la substance à l’ensemble. Dès l’ouverture, chacun des personnages n’est réduit qu’à son strict essentiel, un ou deux traits de caractères qui n’arrivent jamais à supplanter leurs propres écueils. Le vernis de parfait petit portrait de famille est parfait. Ses égratignures caricaturales. Du bel appartement parisien au magnifique domaine à la campagne, les êtres qui les arpentent sont dénués de profondeurs.
Les adolescents en pleine crise avide de nouvelles expériences illicites régurgitant leurs émotions à grand coup de langage familier n’ont aucune utilité. Pire, ils peinent à faire toile de fond. Les parents adultères sont enfermés dans leur propre cliché, cherchant désespérément à voyager et à retrouver sa première jeunesse par leur conquête. Les grands-parents, qui aurait pu et dû être le véritable intérêt du film s’il s’était plus engagé sur le chemin de la maladie et de la vieillesse, sont là aussi bâclés. Jusqu’à l’absence du grand-père, figure du patriarche un peu bohème qui se plaît à lire ses poèmes au coin d’un bon feu de bois, qui a simplement oublié d’être traitée.
Bref. La question des problèmes de familles et de couple a déjà été abordée des milliers de fois au cinéma et il faut énormément de panache et de personnalité pour qu’une nouvelle variation inscrive son nom dans l’histoire.
Votre note
Commentaires
“Ça trompe énormément”
Par un malheureux hasard, Audrey se retrouve le temps d’un week-end avec son galant dans la maison de campagne en même temps que son époux Jérôme et sa jeune maîtresse. Avant que ne débarque tout le reste de la famille.
Les femmes, les maris, les amants et les autres. Le refrain vaudevillesque est connu et résonne comme un « Je t’aime, moi non plus » usé. Dans cette comédie plus tendre que drôle, on se lasse d’avance du séducteur italien cliché et de l’étudiante de 30 ans de moins aveuglément amoureuse. On s’agace vite devant cette fratrie affligeante alignant une aînée relou, un garçon en plein trip et le benjamin ignare incapable de citer le continent où se trouve l’Amérique centrale. Dans le genre « nos enfants sont des crétins », l’impertinence de Martin Bourboulon est plus remarquable. Mais on retiendra pendant quelques jours l’allocution de la (belle)-sœur cyclothymique énumérant avec franchise à « Papa » et « Maman » les galères qui les attendent une fois la séparation consentie. La poésie douce de Guy Marchand peut-être dans son ultime rôle au cinéma malgré son final graveleux. Et la classe d’Elsa Zylberstein qui décoche le mot « pute » avec une élégance constante.
(5.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 3 ans
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