Introduction Corée du Sud 2021 – 66min.

Critique du film

Youngho (en trois chapitres)

Théo Metais
Critique du film: Théo Metais

Avec Introduction, 25ème long-métrage de Hong Sang-soo, le très prolifique cinéaste décrochait le prix du meilleur scénario au dernier festival de Berlin. Une fable d’un genre coming-of-age au travers d’un jeune sud-coréen qui tente de se frayer un chemin dans la grande mare du monde.

On lui avait dit un jour qu’il avait l’envergure d’un acteur, alors le jeune Youngho (Seok-ho Shin) tentera sa chance. Mais partagé entre ses aspirations de comédien et Ju-won, sa petite amie qui part étudier la mode à Berlin, Youngho est à la croisée des mondes. Il essaiera de la rejoindre d’ailleurs, laissant derrière lui ses ambitions.

Reprenant le format d’une narration éclatée si chère à son cinéma, Hong Sang-soo nous dévoile en trois chapitres les vagues à l’âme de son protagoniste. Plutôt beau garçon, sensible, aspirant comédien, Youngho est ce jeune homme que son père, acupuncteur, fait attendre, préférant passer du temps avec cette célébrité (Ki Joobong)​​ qui passe à son cabinet. Pourtant, c'est bien lui qui la veille, l’avait invité à venir. Ainsi s’entame Introduction, et ouvre la parabole d’une jeunesse partagée entre les conventions inhérentes à la Corée du Sud, et ses repères mouvants, absents. De quoi expliquer les cigarettes allumées à l’orée d’une nouvelle vie, et cette caméra qui explore, zoome et cherche encore sa mise au point.

Un format court, élagué sur 66 minutes d’une étude cinématographique en noir et blanc, filmée presque à la volée, pour étudier cette jeunesse sud-coréenne alors que grondent les sirènes de l’Occident. C’est une génération qui s’y perd, Mi-so Park incarne d’ailleurs le parcours, candide et pourtant si juste, de cette femme, ses espoirs en Allemagne et sa rencontre avec une artiste coréenne établie à Berlin (Kim Minhee). Et il suffira de quelques dialogues en tomber de rideau pour comprendre la lame de fond. Youngho se retrouve le pantin de celui à qui l’on avait prédit un avenir, et qui se fera incendier, car incapable de s’y tenir. Deux êtres empêtrés dans une boucle et ses schémas, et qui se retrouveront face à la mer, enrhumés par le vent et les vapeurs d’alcool. La poésie Hong Sang-soo est parfois crue, imperceptible, coincée dans les interstices du monde. Ainsi s’achèvera Introduction. Un film qui servira d’ailleurs de joli point d’entrée pour celles et ceux qui souhaiteraient découvrir ce cinéaste singulier. Hong Sang-soo est d’ailleurs en passe de présenter The Novelist's Film au prochain festival berlinois.

03.02.2022

3.5

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