Mortal Kombat Australie, Etats-Unis 2021 – 110min.
Critique du film
Des sous, des zéros
Après le succès du très moyen Godzilla vs. Kong, la Warner enfonce le clou et se gratine d’un nouveau bonnet d'âne pour Mortal Kombat. Ironie cruelle, cette nouvelle adaptation est si extraordinairement mauvaise qu’il y a fort à parier que Mortal Kombat figurera facilement dans le top des pires films de 2021.
Il y a plusieurs siècles, le clan ninja Lin Kuei, emmené par Sub-Zero (Joe Taslim) au service du sorcier Shang Tsung (Chin Han), massacre le clan rival Shirai Ryu. Ni le ninja Scorpion ni sa famille n’y survivent. De nos jours, l’ancien champion de MMA Cole Young (Lewis Tan) et sa famille sont pourchassés par le même Sub-Zero, à cause d’une étrange marque de naissance en forme de dragon sur la peau de Cole. Commence alors une aventure à travers le temps et les dimensions pour le kombattant - et ses compagnons, également marqués - qui déterminera le futur de la Terre.
Commencera alors également un bien douloureux périple pour le spectateur. Car, malgré un prologue enthousiasmant, sitôt le générique passé et l’action déplacée de nos jours, Mortal Kombat marque une baisse significative dans la qualité de sa fabrication, qui ne fera qu’aller en empirant jusqu’à un double climax embarrassant de nullité technique et de fainéantise artistique - pour les connaisseurs, on est entre le film Dragon Ball et un gros épisode de Power Rangers. L’échec est encore plus spectaculaire que la formule semblait facile à appliquer: la saga vidéoludique est elle-même réputée pour la saveur Z de ses scénarios et son ultraviolence décomplexée. En somme, il n’y avait pas à se prendre la tête: des casus belli classiques, mais engageants, de l’action enlevée et du gore réjouissant le tout emballé dans une réalisation soignée. C’est l’échec sur tous les plans.
La richesse du film affichée dans la bande-annonce se retourne très rapidement contre le film, non seulement surpeuplé de personnages nécessairement amenés à se marcher les uns sur les autres, mais en plus s’encombrant d’ajouts tous plus inutiles les uns que les autres, entre le fade protagoniste inventé pour le film - et pour servir un mauvais twist gros comme un porte-conteneur - et l’arcana, énergie mystico-magique aux règles ineptes dont les “kombattants” tirent leurs pouvoirs - elle aussi inventée pour le film, maladivement dans le besoin de justifier tout ce qui bouge. Autant de surplus qui poussent le script à se perdre en palabres profondément ennuyeuses, rendant la progression si laborieuse que le casting, pourtant rempli à ras bord de talentueux artistes martiaux, passe plus de temps à parler qu’à se battre. Un incompréhensible paradoxe.
Les scènes d’actions sont donc non seulement rares et plutôt courtes, mais elles sont en plus desservies par un découpage anémique, incapable de maintenir toute forme de cohérence spatiale ou de donner de l’ampleur aux chorégraphies. Quant aux fameuses fatalités, elles sont servies comme la soupe, avec un cynisme rare et sans une once de cinégénie... contrairement aux jeux. Les persifleurs craignaient le mauvais goût vulgaire de la franchise, ils auront pire: l’absence de goût totale et le fan-service. Le comble du ridicule est atteint avec les effets spéciaux: entre fonds verts voyants et sound design grossier (le chapeau de Kung Lao et son bruitage de tobogan Fisher Price risque d’en marquer plus d’un), Mortal Kombat est à la limite du pur amateurisme friqué. Une opération marketing au-delà du navet.
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