Old Etats-Unis 2021 – 108min.
Critique du film
Le paradis comme fontaine de vieillesse
M. Night Shyamalan adapte la bande dessinée du genevois Frederik Peeters, et du français Pierre-Oscar Lévy. Nommée «Château de sable», une oeuvre rebaptisée Old pour le cinéma, un thriller sous les tropiques et sans crème solaire, où le mal sourd vous agrippe de manière inattendue.
Un hôtel majestueux, des plages paradisiaques; des vacances parfaites pour débrancher le cerveau. Une famille décide de partir pour la journée sur un atoll isolé, où les 4 membres découvrent des choses étranges: ils vieillissent à vue d’œil. Le temps s’accélère et leur existence ne se résume qu’à une simple journée.
La fête des pères aura été une bonne moisson pour M. Night Shyamalan: ce sont bien ses filles qui lui ont fait découvrir l’ouvrage illustré par Frederik Peeters et écrit par Pierre-Oscar Lévy. Une réalisation loin de sa ville natale de Philadelphie, avec la République dominicaine pour nouveau lieu de tournage. Les détails passés, place au résultat final. Old avance avec cette intention de nous balader dans une grande interrogation, 1h48 durant, nous balayant les différents personnages qui vont se retrouver prisonniers de cet atoll de misère. Le sable blanc se transforme en terre de chaos, surtout quand une heure vous vieillit de 2 ans - ici on ne parle pas d’une trop grande exposition au soleil.
Des enfants qui grandissent à une vitesse effrénée et des adultes qui vieillissent de manière affolante. Et les rides, on n’en parle pas. M. Night Shyamalan nous encercle ces pauvres vacanciers, pour évoluer dans un registre qu'il affectionne: la mise sous tension sourde et inattendue. À son avantage récemment, son excellente série Servant, peut-être l’un de ses meilleurs travaux à ce jour, le natif de Philly aborde son film de manière à nous greffer au groupe piégé - nous-même une caméra subjective sur le front. Immersif, dans la panade des coquillages et crustacés, les plans se resserrent pour intensifier cette sensation hallucinée et instantanée. Et les questions pleuvent: pourquoi ces personnes sont regroupées face à ce lagon? Quel est l’élément commun entre chacun et chacune? Le petit jeu de passe-passe (temporel) fait place à un flottement entre les différents protagonistes.
Derrière la méticulosité de la mise en scène, la direction d’acteurs s’en retrouve parfois limitée. Manquant parfois d’incarnation ou tout simplement d’alchimie entre Vicky Krieps et Gael Garcia Bernal, Old perd en épaisseur et en intensité. Cherchant à mettre sous tension son auditoire, le sens du cadre de Shyamalan gomme certaines carences, mais n’a pas la joie d’avoir un casting au rendez-vous.
À force d’avancer dans le brouillard, l’eau effaçant les traces du passé, le film trouve un écho intéressant aux séquelles d’antan. Le temps multiplié, les carcasses frappées par les effets du temps, Old parvient à trouver un nouveau souffle dans sa seconde partie. La recherche de la vérité à propos de cette « anormalité naturelle » nous pond une idée originale et déborde ainsi sur un jeu de massacre. Des vies s’évaporent comme l’écume, les corps vieillissent et l’esprit avec. Le film use d’un huis-clos aux combinaisons multiples, versant dans la parano, dans la méfiance et la hantise du vieillissement. Avant d’être une simple question sur le temps, les différents personnages sont face à un dilemme de taille: comment réagir dans une cage temporelle? Seuls les actes comptent et le malaise prend en épaisseur.
Old fait preuve d’habileté, mais il manque de chair. M. Night Shyamalan, en s’appropriant cette bande dessinée, procède par vagues jouissives, mais également poussives. Un film inégal, du «whodunit» au thriller en passant par le film d’horreur, une contraction des genres qui laisse une pointe de déception au moment du générique.
Votre note
Commentaires
Pour M. Night Shyamalan, c’est un peu comme Apple avec l’IPhone : un démarrage de carrière spectaculaire puis saison après saison, c’est l’ennui puis la déception voire la colère qui anime le client que je suis. Celui qui aurait pu devenir un génie se vautre, s’enlise, s’embourbe dans une médiocrité qui me pousse à lui demander ici le remboursement de ma place de cinéma. Je suis totalement insatisfait par cette énième tentative de nous embarquer dans cette histoire et je me pose la question : comment peut-on décrocher un kopeck de financement pour une telle médiocrité ?Redonnez-moi du Alfred Hitchcock, du Jean-Pierre Melville (Le Cercle Rouge), du David Fincher, du Gaspar Noé (Enter the Void), du Steven Spielberg, du Claude Miller (Garde à vue) ou du Jacques Deray (La Pisicne) pour n’en citer que quelques-uns qui me viennent à l’esprit de manière spontanée et dans des genres différents. Je comprends que le cinéma est en crise et des réalisations si médiocres ne servent pas sa cause. Je peux recommander d’aller voir ce film pour une seule raison : expérimenter l’ENNUI cinématographique pour savourez ensuite une œuvre du 7eme art digne de ce nom. Ce week-end dans mon programme : Drunk au Nord-Sud…… Voir plus
“Sur la plage abandonnée”
La famille Cappa passe quelques jours de vacances sous les tropiques dans un hôtel luxueux. Il leur est alors fortement conseillé de découvrir une partie de l’île, loin de la ferveur touristique. Mais dans ce coin de paradis confidentiel interviennent d’inquiétants phénomènes.
Sur la plage abandonnée, quelques os, des crustacés. Les enfants jouent pendant que les parents se détendent enfin. Néanmoins, le temps est assassin et les morts vont vite s’enchaîner. A la manière d’Agatha Christie et ses dix petits cadavres exquis ? A l’image hélas d’un épisode médiocre de la Quatrième dimension.
Car, en dépit d’une idée de scénario intrigante, puisée dans une bande dessinée, rien ne fonctionne vraiment. Au lieu de s’inspirer de la beauté naturelle des lieux pour imager l’éphémère de l’existence humaine et sa vanité, Shyamalan préfère un discours à rallonge qui se concentre sur le thriller et le fantastique. Incapable de poser sa caméra, il en multiplie les effets afin de créer une tension plus que factice. Certaines scènes en deviennent grotesques comme la dislocation de la bimbo hypocalcémique. Empruntés et jouant chacun sa partition, les acteurs déclament des dialogues mal écrits. Quant au grand final, Mister Twist se vautre en cherchant à tout expliquer, ne misant aucunement sur l’intelligence du spectateur. Avec l’âge, on pensait pourtant que le réalisateur gagnerait en maturité.
(4.5/10)… Voir plus
Dernière modification il y a 3 ans
3.5: Koh-lanplage
Guy et Prisca, accompagnés de leurs enfants Maddox et Trend, comptent passer un séjour relaxant au paradisiaque club de vacances. La direction leur propose une excursion sur un atoll dont l’accès est privé. Un atoll où le temps passe bien plus vite et leurs compagnons vont s’en rendre compte.
Le voici donc ce nouvel opus de Shyamalan, s’attaquant à un célèbre roman graphique m’étant inconnu. Les premières critiques n’étaient pas tendres. Quasi à tort.
Ce sentiment de rejet est compréhensible sur la première demi-heure sur l’atoll où les invraisemblances ne semblent plus se compter et l’on se demande bien si ce style série B mal interprété, avec des effets visuels inégaux et un « intrus » aberrant va perdurer, sans compter une étrangeté sur un moyen de fuite naturelle non exploité. Ces situations accumulées rappelant un jeu TV peuvent effectivement expliquer cette désertion mais la curiosité l’a emporté et heureusement.
Il faut attendre effectivement le dernier quart-d’heure pour comprendre le pourquoi de cette situation. Et je préviens les personnes craintives d’un certain traitement qu’elles vont probablement être révoltées et/ou retournées par la vision sombre très contemporaine que constitue le film, d’actualité depuis plus d’une année.
Se laisse donc voir...… Voir plus
Dernière modification il y a 3 ans
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