Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux Etats-Unis 2021 – 132min.
Critique du film
Un film Marvel à l’étincelle humaine
L’arrivée de « Shang-Chi et la légende des dix anneaux » dans l’écurie Marvel a fait bien moins de bruit que beaucoup d’autres projets, « Black Panther », par exemple. Pourtant, le travail du cinéaste Destin Daniel Cretton propose une facette souvent délaissée dans un film de ce genre : une âme dans sa production.
Shang-Chi (Simu Liu) mène une vie plutôt ordinaire. Voiturier d’un grand établissement hôtelier et dorénavant surnommé Shaun, l’homme tente de faire profil bas. Mais le passé n’est jamais loin et il va devoir affronter la déferlante antérieure. Son père, détenteur des 10 anneaux magiques, fomente un plan pour ramener sa défunte femme d’entre les morts. La famille, morcelée aux 4 coins de la planète, procède aux retrouvailles… musclées.
Le MCU continue d’aller piocher dans le cinéma indépendant. Chloé Zhao, fraîchement récompensée aux Oscars pour Nomadland, s’apprête à livrer The Eternals, maintenant Destin Daniel Cretton, cinéaste des tendres Short Term 12 et The Glass Castle, embrasse un projet à l’opposé de sa palette habituelle. Pari risqué. Et vous savez quoi ? Il insuffle quelque chose qui fait souvent défaut aux nombreuses productions Marvel: une âme, une étincelle humaine. Une quête familiale rythmée par la bande-son de Joel P. West, liée par le sang et les arts martiaux.
Cette mystérieuse société des «Dix Anneaux», gérée depuis 1000 ans d’une main de fer par le patriarche Wenwu (Tony Chiu-Wai Leung), a malheureusement fait voler en éclat la dynastie familiale. Le décès de la mère, Jiang Li (Fala Chen), fut le détonateur. Obligé de tout quitter, Shang-Chi a dû laisser Xialing (Meng’er Zhang), sa sœur, derrière lui. Ces pièces éparpillées vont former un échiquier intéressant composé de différentes couches familiales se lovant dans de multiples scènes de combat. Cette dualité «combat/amour» donne lieu à de splendides chorégraphies. Accepter le bien et le mal qui sommeillent en toi et combattre avec tes sentiments. De jolis détails viennent corroborer ce bel alliage, comme cet échange entre Shang-Chi et sa tante (Michelle Yeoh) pour mieux appréhender la force de l’amour.
L'affrontement final continue à donner une profondeur aux personnages en puisant dans leurs sentiments. Alors oui, ces deux dragons font dégouliner les effets spéciaux - après-tout, c'est presque obligatoire dans un tel film - mais le message reste présent. L’horrible créature prisonnière du portail puise sa force en suçant les âmes et le chagrin du père est si lourd que son désir de retrouver sa défunte épouse est à la hauteur de l’apocalypse. Ce tyran de Wenwu laisse transparaître cette souffrance par la tyrannie qu’il exerce, usant de la force pour l’exorciser. La colère n’a rien de bon. Cette identité du deuil, plutôt bien convoquée pour un film du genre, démontre la patte délicate de Destin Daniel Cretton, s’appropriant le surnaturel et la mythologie chinoise par la même occasion.
Bien entendu, Marvel n’oublie jamais ses petits passages humoristiques parfois agaçants. Le dosage est plutôt adéquat: que ce soit une petite bête mignonne, un Ben Kingsley hilarant comme amuse-bouche ou encore des séquences de karaoké bien distrayantes. Awkwafina dans le rôle de Katy, la meilleure amie de Shaun, renforce cet humour un poil décalé. Cette production Marvel est un vent de fraîcheur et mérite sa place, bien plus que de nombreux films sans âme estampillés MCU.
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