CH.FILM

A Forgotten Man Suisse, Royaume-Uni 2022 – 88min.

Critique du film

Autour de la neutralité

Critique du film: Colin Schwab

Quatrième long-métrage de Laurent Nègre, A Forgotten Man se penche sur la question de la neutralité helvétique durant la seconde guerre mondiale. Une problématique originale dans le cinéma de fiction, malheureusement traitée de manière très conventionnelle.

Alors que la victoire des alliés est déclarée, Mr.Zwygart (Michael Neuenschwander) – ambassadeur de la Suisse à Berlin pendant la seconde guerre mondiale – rentre à la hâte dans son pays d’origine. Dans sa luxuriante villa bernoise, il retrouve le calme et le silence de la paix. Mais, entouré de sa famille qui peine à le reconnaître, les affres de sa collaboration avec l’Allemagne nazie reviendront le hanter.

Dans A Forgotten Man c’est le choix pertinent de ce personnage principal historique qui nous excite : ce dernier personnifie le rapport ambigu – tout sauf neutre – que la nation helvétique a entretenu avec les pays voisins en guerre. Le comportement de Zwygart, au lieu d’être défini par la neutralité, l’était par la volonté de se sortir et de sortir la Suisse de cette guerre sans une égratignure. Alors, pour ne pas fâcher la nation allemande, il limitera l’accueil des juifs en Suisse, ou encore, n’usera pas de son pouvoir pour sauver des prisonniers helvètes d’une mort imminente.

En outre, le film nous met face à un anti-héros, tout en soulignant à quel point des idées nazies trainaient dans la tête de bien des helvètes à cette période. Malheureusement, à la réjouissante âpreté de ce sujet, pari risqué, répondent un récit et une forme des plus lisses, parfois même maladroits.

Car le film est rythmé par de la musique extradiégétique (= que l’on n’entend pas au sein de l’univers du film) conventionnellement omniprésente sans qu’elle ne soit signifiante, un jeu d’acteur souvent loin d’être convaincant et un récit prototypique organisé par le trauma et le conflit. Mais aussi, par de nombreuses engueulades devenant rapidement agaçantes, tant les dialogues qui y mènent évoluent illogiquement, semblent agencés uniquement par la volonté de déboucher sur une altercation, aux dépens d’un quelconque sentiment de réel. L’injonction du conflit, règle d’or du scénariste à succès, prend le pas sur la vraisemblance de ce film historique.

Une œuvre intéressante dans le sujet qu’elle traite, bien moins dans la manière dont elle le traite : c’est-à-dire, avec une forme de neutralité, une prude conventionnalité, qui dans ce contexte, fait tache.

02.05.2023

2

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Commentaires

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TOSCANE

il y a 1 an

Ce film courageux m'a beaucoup troublée. La guerre, où qu'elle soit, génère mensonges et trahisons.
Je retiens l'une des dernières phrases : "La première victime de la guerre c'est la vérité".


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