Paradise Highway Allemagne, Suisse, Etats-Unis 2022 – 115min.
Critique du film
Juliette Binoche au volant
Précédé d’un discours d’un représentant des Nations Unies dans le cadre du 20ème anniversaire de l’adhésion de la Suisse à la même organisation au festival de Locarno, Paradise Highway met en lumière le fléau de la traite d’êtres humains sous forme de thriller sur les routes d’Amérique.
S’inspirant autant du road trip que de Thelma et Louise, évoluant dans la petite communauté des camionneuses, nettement moins visibles que leurs homologues masculins, Paradise Highway aborde un sujet peu traité à Hollywood. Le film n’en reste pas moins traditionnel sur la forme, que ce soit dans les images des routes américaines, la relation entre Sally et Leila qui évolue presque magiquement après deux jours, ou le personnage de vieux briscard du FBI qui ne s’en laisse pas conter par son jeune collègue fraîchement diplômé. Attirée par le défi d’un rôle de composition auquel elle n’était pas habituée, Juliette Binoche offre une performance convaincante dans la peau de Sally, camionneuse américaine. Et si Morgan Freeman s’en tire également sans encombre, dommage en revanche que l’utilisation de son talent soit ici limitée au répertoire de l’éternel inspecteur de police.
Ayant entamé sa carrière au théâtre, la réalisatrice norvégienne Anna Gutto, dont c’est le premier long métrage, avait à cœur de développer l’histoire d’une protagoniste de l’un de ses courts métrages pour en faire le personnage de Leila, incarnée par Hala Finley. Mais passant d’un répertoire d’enfant traumatisée à celui d’adolescente sûre d’elle-même en un clin d’œil, l’évolution de son personnage est tellement fulgurante qu’elle en devient peu crédible. Retenons tout de même l’actualité du sujet, étroitement lié à notre société de consommation toujours plus globalisée dans lequel un être humain ne vaut guère plus qu’une marchandise, ainsi que la mise en avant de présences féminines fortes, que ce soit dans le personnage de Sally – que les policiers ne pensent pouvoir être qu’un homme avant de la connaître – ou de l’esprit de sororité qui règne entre les camionneuses.
(75e Locarno Film Festival)
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