Gran Turismo Etats-Unis 2023 – 135min.
Critique du film
De la manette au volant, du petit au grand écran
Nouvelle adaptation d’un jeu vidéo au cinéma, Gran Turismo raconte la véritable histoire d’un joueur devenu pilote de course grâce à ses connaissances et aptitudes à la conduite virtuelle.
Le jeune Jann Mardenborough (Archie Madekwe) est passionné du jeu vidéo Gran Turismo, au grand dam de son père (Djimon Hounsou) qui souhaite le voir prendre sa vie en main. Alors que Jann rêve de devenir un véritable pilote de course, Danny Moore (Orlando Bloom) lance avec Nissan un programme de recrutement des meilleurs joueurs de Gran Turismo afin de les former auprès de l’ancien coureur Jack Salter (David Harbour). Le joueur doit alors parvenir à se dépasser dans un sport particulièrement rude et dangereux. Inspiré d’une histoire vraie.
Si le défi d’adaptation d’un jeu vidéo pour le grand écran se révèle souvent délicat, les équipes du réalisateur sud-africain Neill Blomkamp n’ont pas eu à s’éloigner des sentiers battus. Plus qu’une transposition du jeu lui-même, le scénario consiste à retracer le parcours hors du commun d’un pilote néophyte, en suivant rigoureusement toutes les étapes habituelles du film de sport « à la Rocky (1976) ». L’histoire est inspirante, mais l’exécution manque d’innovation pour pleinement convaincre, quand bien même le suspense et l’envie de voir triompher l’outsider jeté dans la cour des grands fonctionne définitivement toujours, quel que soit le sport représenté. En dépit de l’interprétation peu engageante d’Archie Madekwe dans la peau du protagoniste Jann Mardenborough, David Harbour parvient à insuffler l’intensité et l’émotion nécessaire pour ne pas complètement lâcher l’affaire. Son duo malicieux aux côtés d’un Orlando Bloom machinal, mais efficace, fonctionne d’ailleurs convenablement.
Ayant prouvé sur ses précédents longs-métrages qu’il avait les épaules pour tenir la barre d’une grosse production, Neill Blomkamp propose ici un spectacle divertissant et bien fignolé sur le plan technique. Il est toutefois regrettable que le réalisateur soit resté aussi sage en ce qui concerne sa mise en scène lors des courses, reprenant de temps à autre des plans inspirés de la conduite en jeu qui, s’ils sont parfaitement fidèles, s’avèrent peu intéressants en raison de leur statisme. Ajoutons le fait qu’une bonne partie du film ne cache à peine sa fonction de clip promotionnel pour que la réalisation perde en profondeur et tombe dans du tape à l’œil insipide.
Bien que peu recherché, un montage dynamique vient donner l’illusion d’une vélocité générale qui retient l’attention, certes, mais de manière plutôt artificielle. Dommage que le réalisateur n’ait probablement été choisi qu’en qualité de technicien compétant, lui qui nous avait habitué à plus riche qu’un emballage clinquant. Reste un film de bolides tout à fait plaisant, solide techniquement, galvanisant parfois, s’apparentant cependant plus à une partie de jeu vidéo entre amis : on s’amuse bien, mais on passe vite à autre chose une fois la console éteinte.
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