Joy Ride Etats-Unis 2023 – 95min.

Critique du film

Un périple déjanté, mais insignifiant

Critique du film: Damien Brodard

Entre personnages excentriques et péripéties insensées, la réalisatrice Adele Lim tente de traiter de la quête d’identité par le prisme de la comédie survoltée.

Audrey (Ashley Park), jeune avocate américaine d’origine chinoise, est chargée de conclure une affaire importante avec une entreprise en Chine. N’ayant qu’une maîtrise rudimentaire de la langue, elle décide de partir en voyage aux côtés de son amie d’enfance Lolo (Sherry Cola), elle-même accompagnée de sa cousine « Deadeye » (Sabrina Wu), et retrouve sur place Kat (Stephanie Hsu), son ancienne camarade de l’université. S'ensuit un périple extravagant dans lequel les quatre amies vont tenter de retrouver la mère biologique d’Audrey.

Ayant surtout exercé le métier de scénariste sur des productions comme Crazy Rich Asians (2018) ou Raya et le dernier dragon (2021) avant de se servir d’une caméra, la réalisatrice d’origine malaisienne Adele Lim ne parvient pas à transformer l’essai avec son premier long-métrage, une comédie déjantée, mais souffrant d’énormément de lourdeurs. Pourtant, la trame principale du film avait tous les éléments en place pour traiter de la différence et de l’acceptation de soi lorsque l’on est une personne d’origine asiatique ayant grandi aux États-Unis. Il n’en est rien, ou du moins ces problématiques ne sont traitées que bien trop légèrement pour être prenantes, le scénario préférant s’engager sur la voie du grand n’importe quoi superficiel et inoffensif. Seule une petite pirouette d’écriture vient rehausser le niveau d’intérêt le temps de quelques minutes, remettant en perspective le choix d’une famille de cœur ou de sang, mais cela reste insuffisant pour dire que Joy Ride brille par son récit, étant donné que cette dernière ne parvient pas à s’accorder avec le ton loufoque très appuyé du film.

L’humour, parlons-en ! Une plaisanterie qui tombe à plat ? Rien de grave. Une dizaine de blagues graveleuses plus tard ? Cela commence à devenir embarrassant. Enfin, lorsque l’on se rend compte que l’intégralité du long-métrage est jonchée d’un humour bas de plafond omniprésent, il est déjà trop tard pour daigner laisser échapper un sourire. Une mise en scène quelque peu recherchée pourrait donner un tempo ainsi qu’une profondeur à toutes ces farces, mais cela est sans compter sur la pauvreté formelle qui ne parvient pas à se hisser plus haut qu’un clip musical parodique dans ses moments les plus inspirés. Les tentatives de dissimuler ce désert artistique sont nombreuses et on pourrait lister entre autres : les situations fantasques saupoudrées de cocaïne, le montage frénétique tentant de faire croire qu’il se passe quelque chose de fou, mais également le quatuor d’actrices qui, si elles semblent s’amuser dans ce joyeux chaos, n’ont malheureusement pas les épaules pour maintenir cette comédie à flots. Un beau ratage dont la réalisatrice pourra, on l’espère, se relever.

22.08.2023

1.5

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