Quatrième film de l’actrice bien connue Yolande Moreau, «La Fiancée du Poète» propose une comédie romantique douce au sein d’une truculente colocation.

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Mireille (Yolande Moreau) retrouve ses marques dans une vieille maison familiale, après avoir écopé de plusieurs années de prison. Son job de cantinière aux Beaux-Arts de son patelin lui permet de côtoyer un milieu artistique et poétique qui la fait vibrer, mais pour mettre du beurre dans les épinards, elle décide de louer trois chambres de sa grande bâtisse vide. Trois locataires, bien pittoresques, emporteront dans leur sillage une vie bienfaitrice et une touche de folie, préparant Mireille à l’arrivée d’une quatrième personne : son ancien amour de jeunesse.

Tourné en plein Covid avec «beaucoup d’alcool et de plaisir» selon les termes mêmes de sa réalisatrice, «La Fiancée du Poète» apparait à l’image de sa génitrice à l’inimitable regard étonné : pris d’une folie douce, foutraque et maladroit. Car si l’on connait la belge Yolande Moreau surtout pour ses rôles d’actrice, elle n’en est pas à son coup d’essai en tant que réalisatrice. Une expérience qui apparait tout au long de ce film, au travers de saillies formelles parfois éblouissantes ou au moins étonnantes : un surprenant et hilarant passage à l’orgue par William Sheller, un plan tourné sous une pluie battante, une galvanisante scène de fête de mariage et un passage onirique sur une barque notamment. Des sursauts impressionnants, qui ne taisent pourtant pas les reproches que l’on peut imputer à «La Fiancée du poète».

En effet, côté rythme, le film souffre d’un entre-deux bancal. Ni épileptique, ni contemplatif, le montage donne l’impression de ne jamais oser prendre parti, nous laissant des scènes soit trop longues pour insuffler une véritable énergie au long-métrage, soit trop courtes pour profiter de la composition des plans. Mis en parallèle d’un découpage parfois douteux et d’une romance avec un «poète» joué par Sergi Lopez qui aurait mérité d’être abrégée, ces carences s’additionnent pour rendre «La Fiancée du poète» plutôt bancal. Reste que transparait de chaque plan l’amusement qui devait régner sur le plateau, notamment la rafraichissante camaraderie partagée par Moreau et ses acteurs principaux. Vecteur d’une énergie communicatrice, ils parviennent assez brillamment à éclipser l’aspect foutraque de ce film.